Depuis les attentats du 13 novembre à Paris, la surveillance s’est accrue dans certains pays où les menaces terroristes sont élevées. Surveiller pour mieux lutter contre le terrorisme, c’est le cas de la Belgique et de la France qui ont déclaré l’état d’urgence sur leur territoire. Des étudiants de l’Université Laval témoignent.
Alertes à la bombe, nouvelles perquisitions et attaques dans des commissariats font la une des journaux locaux des capitales belge et française. « La surveillance s’est donc évidemment accrue », nous confie Harriet Vince, une étudiante parisienne de l’Université Laval rentrée à la maison pour les Fêtes. « Les sacs sont beaucoup plus fouillés dans les grands magasins, on voit des policiers armés plus souvent, mais sérieusement, je ne suis pas inquiète lorsque je prends les transports en commun par exemple », argue-t-elle.
Daphné Coulon, une étudiante belge de l’UL, a également remarqué un changement. « Depuis que je suis rentrée en Belgique, à Charleroi, il y a effectivement des militaires dans les rues, dans les centres commerciaux, etc. Cela ne me gêne pas, je m’y attendais ». Au sujet de la présence des militaires, elle est formelle. « Ils me rassurent dans le sens où ils me prouvent que le gouvernement ne prend pas les choses à la légère. Mais je ne vis pas dans la peur perpétuelle d’une attaque terroriste, donc je ne me sens pas rassurée par leur présence. Je trouve cela normal qu’ils soient là ».
Destinations risquées ?
Des étudiants de l’Université Laval sur le départ pour Bruxelles comme Alex Miller-Pelletier ne sont pas particulièrement inquiets de cette situation. « Pour l’instant, cela ne change rien. Je ne sais pas si cela va compliquer des déplacements ou les sorties, mais tout semble sous contrôle ». Pour Étienne Côté Vaillant, « cela n’a pas influencé [la] motivation de départ. Au contraire, cela [l]’intrigue ».
Des précautions ont tout de même été prises de la part de l’Université Laval. Un document exclusivement dédié aux étudiants qui se rendent en France et en Belgique a donc été envoyé. Des consignes en cas de nouvelles attaques y ont notamment été inscrites.
« Personnellement, je n’étais pas particulièrement inquiète, j’ai simplement trouvé cela positif de voir que le Bureau international porte une attention particulière à ce qui se passe là-bas », a expliqué Alex.
Étienne, quant à lui, estime qu’« il vaut mieux prévenir que guérir ». Dans tous les cas, les séjours d’échange n’ont pas été remis en question. « Aux dernières nouvelles, à l’Université libre de Bruxelles, il faut se promener avec sa carte d’étudiante portée visiblement. Mais c’est tout », a précisé Alex.
Il y a un peu plus d’un an, soit le lendemain des attentats contre Charlie Hebdo, Anouk Gariépy, une étudiante de l’Université Laval, partait en échange à Bruxelles.
Les attentats de janvier 2015 ont provoqué un choc dans la population, en France comme en Belgique. « Ce n’est que le lendemain [de mon arrivée] que j’ai pris conscience de la gravité de la situation. On ne parlait que de cela à la télévision et puis les attentats s’enchaînaient. Il s’était passé quelque chose à Liège : le danger se rapprochait », se souvient-elle.
Un an après, la tragédie reste ancrée dans les mémoires. C’est d’ailleurs avec une profonde tristesse que nous abordons les attentats du 13 novembre. « Je pensais que des actions seraient mises en place à la suite des évènements afin d’éviter un autre drame de ce genre. » D’ailleurs, continue Anouk, « si quelque chose a changé, c’est bien la confiance des gens ».
Au final, ce qui l’a le plus touchée concernant les attentats est Molenbeek, le fameux quartier de Bruxelles dont il est souvent question dans l’actualité. « En fait, j’ai rencontré des élèves qui provenaient de ce milieu assez pauvre et qui tentaient tout de même de s’en sortir ; ils persévéraient. Ça me fait de la peine de penser aux amalgames qui ont résulté des attentats. »
Conséquences indéniables des attentats de novembre dernier, les dernières festivités de fin d’année se sont déroulées avec une certaine crainte de la population en Europe.
Si pour beaucoup de pays la Saint-Sylvestre s’est déroulée sous haute surveillance, à Paris comme à Bruxelles les traditionnels feux d’artifice ont tout simplement été annulés. Toutefois, « la menace terroriste n’a pas empêché les Belges de faire la fête, comme ils en ont tant l’habitude ! Après, c’est sûr qu’au quotidien, on ne peut pas nier que les choses ont changé », reconnaît Daphné Coulon.
Ce ne sont donc pas les menaces qui les empêchent de vivre. « À Paris, cela inquiète beaucoup, c’est un sujet de conversation qui revient sur toutes les lèvres, constamment ! Mais on continue de sortir », explique Harriet Vince.
Ce qui rassure Daphné, « c’est de voir que les gens continuent à vivre normalement et qu’il n’y pas de psychose autour de ça. Donc oui, les choses ont changé, mais vu le contexte je trouve ça normal. C’est normal que l’on soit sur nos gardes… Tout en gardant nos habitudes, bien sûr ».