Le plus récent rapport de l’Observatoire syrien des droits de l’homme ( OSDH ) dénombre que 29 000 victimes, en vaste majorité civiles, ont succombé depuis le début de la révolte contre le régime politique du président Bachar al-Assad, alors que la commission d’enquête de l’ONU recommande au Conseil de Sécurité d’intervenir.
Pierre-Yves Robert
Condamnant une hausse en « nombre, rythme et échelle » des violences, la commission d’enquête de l’ONU sur la Syrie, présidée par Paulo Pinheiro, a recommandé au Conseil de Sécurité de prendre «les mesures appropriées» face aux «violations, abus et crimes perpétrés par les forces gouvernementales». Pinheiro a aussi déclaré que des extrémistes islamistes se terraient en Syrie, ce qui tendrait à radicaliser les affrontements entre militaires et rebelles.
Cette déclaration survient après que le général syrien Adnan Sillu se soit entretenu avec le quotidien britannique The Times, alléguant que le régime d’al-Assad prévoyait utiliser «en dernier recours» des armes chimiques contre sa propre population. Sillu, ancien chef de l’arsenal chimique syrien, assure avoir quitté son poste après avoir dû participer à des discussions au plus haut sommet sur l’utilisation d’armes chimiques contre les rebelles syriens. «Nous avions des discussions sérieuses sur l’usage d’armes chimiques, y compris sur la manière de les utiliser et dans quelles zones», a-t-il confié au Times.
Cette entrevue survient en marge d’un article du journal allemand Die Spiegel, qui affirme que la Syrie a déjà procédé à des essais chimiques sur son territoire, à la fin du mois d’août. Washington et Paris ont plusieurs fois prévenu que l’utilisation d’armes chimiques par Damas constituerait une «ligne rouge» qui entrainerait une réaction internationale, ce que Paulo Pinheiro a officiellement réclamé cette semaine.
L’Iran pointé du doigt
L’Iran, par l’entremise de son ministre des Affaires étrangères, a pour sa part prôné l’envoi d’observateurs provenant exclusivement de pays arabes, appelant à «un règlement pacifique sans intervention étrangère» et à un «arrêt de l’aide financière et militaire à l’opposition syrienne». Washington accuse l’Iran de transporter en Syrie de grandes quantités d’armes et d’envoyer des militaires en renfort.
Le même ministre des Affaires étrangères a démenti les dires de Washington, et a réaffirmé son soutien «illimité» à Bachar al-Hassad. Depuis le début de la révolte, en mars 2011, l’Iran s’est rangé du côté de Damas et s’est opposé à toute ingérence occidentale en Syrie.