À quelques rues du centre-ville de Nouadhibou, ville frontalière entre la Mauritanie et le Sahara Occidental, des enfants jouent au soccer entre les bidons rouillés. Mohammed, 12

Douze ans contre les mines

Les buts ne sont pas que la cible de ce match mais aussi la limite du terrain. Derrière eux, une zone vide s’étend jusqu’à la mer: pas de bidons, pas de traces de pas et pas de maisons. Il s’agit d’une zone minée trop proche de la ville. Le ballon est perdu pour l’instant, des adultes qui connaissent la zone iront le chercher plus tard.

Heureusement dans ce match, tous les enfants savaient où commençait la zone dangereuse. Ce  n’est pas le cas partout: chaque année, près de 4 000 nouvelles victimes des mines antipersonnel, restes de guerre, sont dénombrées à travers le monde. Les zones minées s’étendent quelques fois sur plusieurs kilomètres carrées, personne ne sachant plus trop exactement où les armes ont étés posés. C’est principalement le cas des zones frontalières qui ont connu des années de conflit: une mine peut prendre dix minutes à installer mais reste mortelle pendant des décennies.

La lutte

Il y a douze ans, jour pour jour, entrait en vigueur la Convention sur l’interdiction des mines antipersonnel. L’initiative lancée par Ottawa en 1997, promulguait non seulement l’arrêt de la production des mines antipersonnel mais aussi la destruction des stocks des états signataires. Ces armes vicieuses, qui ne font aucune différence entre des combattants en temps de guerre et des civils plusieurs années après le conflit, font principalement des victimes parmi les enfants.

Il existe plusieurs types de mines antipersonnel, toutes plus destructives et indétectables les unes que les autres. Allant du métal au plastique, elles adoptent toutes les tailles et toutes les formes. Certains modèles vont se déclencher à l’approche d’une personne tandis que d’autres exploseront lorsque la victime marchera dessus. Certaines encore, vont s’éjecter du sol pour exploser à environ un mètre de la surface, projetant des centaines de fragments de métal en fusion dans l’air. Si la victime ne meurt pas sur le coup, c’est souvent l’isolement de la zone par rapport à un centre de santé qui lui sera fatal.

À ce jour, 66 pays à travers le monde compte encore des zones minées. Bien que des efforts considérables soient déployés par les associations humanitaires pour nettoyer le terrain et informer la population, les acteurs internationaux les plus importants n’ont toujours pas signé la Convention. Brandissant des arguments économiques et de défense nationale, les Etats-Unis, la Chine, la Russie et la Corée du Sud font partis des 37 pays non signataires.

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