Algérie
Le 10 mai 2012, les Algériens seront invités à élire leur nouvelle Assemblée Populaire Nationale (APN), la 4e depuis l’adoption du multipartisme et l’ouverture démocratique de 1989. Il s’agit des premières élections dans ce pays de l’Afrique du Nord depuis les émeutes de la fin 2010 et début 2011 et les réformes politiques lancées par le pouvoir politique en place l’automne 2011.
Yassine Boukhedouni
Un rendez-vous sensible et décisif
Il faut rappeler que les législatives de cette année est extrêmement importantes pour le pouvoir et pour le peuple algériens. En effet, sous la pression d’un contexte régional en constante évolution et dominé par les récents soulèvements populaires contre les tyrannies au Maghreb et au Moyen-Orient, le pouvoir en Algérie s’est vu lancé dans des réformes démocratiques et constitutionnelles approfondies. Or, après avoir fermé le champ politique depuis une douzaine d’années, le régime politique à Alger, à l’issue des réformes adoptées, a enfin agrémenté 24 nouveaux partis politiques et ouvert le champ d’audiovisuel permettant ainsi la création des chaines de télévision et des radios par le secteur privé.
En incitant le peuple algérien d’aller voter, le 24 février, lors de la célébration du 41e anniversaire de la nationalisation des hydrocarbures, le président algérien Abdelaziz Bouteflika, au pouvoir depuis avril 1999, a qualifié de « sensible » la situation que traverse le pays et de « décisives » pour l’avenir de la démocratie ces législatives du 10 mai 2012.
Les islamistes d’Algérie s’unissent
En croyant plus que jamais au grand soir islamiste qui traverse la région du Nord-Afrique post-révolution, trois partis islamistes, à savoir le Mouvement de la société pour la paix (MSP), El Islah et Ennahda, ont mis en place une alliance politique, l’ « Alliance de l’Algérie verte », spécialement pour cet important rendez-vous électoral. L’objectif de cette nouvelle formation d’obtenir la majorité des voix lors de ces élections est réalisable surtout avec l’élection des parlements à majorité islamiste dans les trois pays nord-africains où se sont tenus des législatives libres et démocratiques, la Tunisie, le Maroc et l’Égypte.
Sous l’œil de l’UE, de l’ONU et des États-Unis
Après avoir été réservée qu’à des membres d’organisations dans lesquelles l’Algérie fait partie, à l’exemple de l’Union Africaine (UA), la Ligue des États arabes et L’Organisation de la coopération islamique (OCI), la mission d’observation du scrutin de mai 2012 est pour la première fois ouverte aux observateurs de l’Union Européenne (UE), des États-Unis et ceux de l’Organisation des Nations Unies (ONU).
Pour les observateurs venants de l’Union Européenne, les autorités algériennes étaient obligées d’accepter les conditions émises par cette organisation. Ainsi, les observateurs européens seront libres de se déplacer dans les régions d’Algérie sans aucune autorisation préalable de la part des autorités d’Alger.
Ce sont plus de 500 observateurs étrangers qui seront présents en Algérie lors des prochaines élections. Pour ce qui est du nombre des observateurs pour chaque organisation, le secrétaire d’État chargé de la Communauté nationale à l’Étranger fournit cette estimation : 120 observateurs pour l’Union européenne, 200 observateurs pour l’Union africaine et 100 observateurs pour la Ligue arabe, 10 observateurs pour l’ONU et 20 délégués de l’Organisation de la coopération islamique.
Des ONG américaines, dont National Democratic Institute (NDI) et la Fondation Carter, seront présentes pour contrôler la régularité de ces législatives.