Le Maroc connait aussi des mouvements populaires appelant des changements, mais d’une façon différente de ce qu’on voit en Égypte ou en Tunisie. Le premier élément distinct réside dans le fait que les principales revendications sont dirigées contre le gouvernement et non contre le roi Mohammed VI. Cette différence tient aooaremment à certains aspects de la figure de Mohammed VI: son statut, en tant que roi, de chef spirituel pour les musulmans marocains et le fait que les droits civiques se sont nettement améliorés lors de son arrivé sur le trône au décès du roi Hassan II. La légimité de Mohammed VI n’est pas non plus contestée directement, ce qui peut être le signe d’une transition plus rangée.
Si le roi jouit d’une meilleure perception de la population à son égard qu’en bénéficient les autres dictateurs régionaux, ça ne signifie pas pour autant que la population est satisfaite de son sort. Le taux de chômage reste élevé, les droits civiques, après une fulgurante amélioration suite à la chute d’Hassan II, ont lentement reculé depuis 2007. De plus, l’inflation sur les produits de base reste bien réelle malgré les tentatives de régulation par des prix officiels et la corruption règne en maître.
Comme en Tunisie et en Égypte, le mélange entre corruption et mauvaise économie est un déclencheur puissant pour inciter les populations à se révolter, mais contrairement à ces deux pays, le Maroc permet les mouvements contestataires, comme en témoigne l’annonce récente du gouvernement pour autoriser une marche protestataire le 20 février prochain. Le pouvoir en place est aux aguets, mais la situation marocaine reste néanmoins originale face à celle de la Tunisie et de l’Égypte.