Certains pays luttent contre le chômage et les déséquilibres fiscaux par la dure médecine de l’austérité. D'autres font preuve d’imagination : ils se tournent vers la magie.
En Roumanie, la sorcellerie fait maintenant partie intégrante de l’économie. Après l’avoir reconnue comme profession légale en 2006, le gouvernement a annoncé fin décembre que les sorcières, de même que les astrologues, embaumeurs et instructeurs automobiles devront désormais payer un impôt de 16% sur leur revenu et contribuer à plusieurs cotisations sociales.
Ridiculisé par les médias roumains durant des mois, le débat sur la légalisation des sortilèges n’est pourtant pas étranger au pays de Dracula, où la pratique controversée est encore bien vivante. Pour preuve, l’ex-candidat aux élections présidentielles de 2009 Mircea Geona a dit en conférence de presse avoir été défait après avoir été ensorcelé par l’actuel président, Traian Basescu. Malgré la controverse, le Ministère de l’Intérieur justifie ces nouvelles impositions par la lutte à l’évasion fiscale, qui touche une large part de la population nationale.
La nouvelle imposition, en vigueur depuis le 1er janvier, ne fait pas non plus l’unanimité dans la communauté des sorcières. Tous ne pourront jouir également d’avoir, pour la première fois, des avantages sociaux associés à cette nouvelle mesure. «Comment peuvent-ils nous taxer, alors qu’on ne gagne presque rien?», s’indigne un membre de la communauté. Certaines travailleuses de l’au-delà se sont rassemblées sur le bord du Danube, chantant des incantations en secouant des racines de mandragore, afin de protester contre la législation. Il semble bien que la consécration longtemps espérée, dans un pays fort de ses traditions, soit payée lourdement.