Un texte de Myriam Boulianne
Le directeur des représentations québécoises en Chine compte y doubler les exportations québécoises d’ici 2024. De passage à l’Université Laval le 10 octobre dernier, il donnait une conférence sur la stratégie du Québec dans l’Empire du Milieu.
De 1998 à 2018, les exportations québécoises en Chine se sont décuplées et M. Lépine espère continuer sur cette lancée d’ici les cinq prochaines années. «L’économie chinoise c’est un monstre. Il ne faut pas oublier que c’est un marché potentiel pour le Québec», entame l’ancien journaliste, lors d’une conférence organisée par la Chaire Stephen-A.-Jarislowsky en gestion des affaires internationales, Québec International, GÉRAC de l’Université Laval et le Cercle finance du Québec. Déplorant le fait que les entreprises québécoises sont trop axées sur les États-Unis, il espère convaincre les entrepreneurs de la province de faire des affaires en Chine, où la croissance est plus soutenue et la région plus peuplée.
Parmi les secteurs à prioriser, le diplomate mentionne en premier lieu l’éducation. Sur les 43 millions d’étudiants chinois aux études supérieures, 800 000 d’entre eux étudient à l’étranger. En soulignant que l’enseignement du français dans les écoles secondaires en Chine est devenu important, le conférencier espère ainsi attirer les étudiants chinois à venir étudier dans les universités québécoises. Il fait aussi remarquer que les Chinois qui connaissent la langue de Molière peuvent devenir de futurs travailleurs au Québec, et ainsi, des atouts pour l’économie de la province.
Parmi les autres secteurs mentionnés, notons la culture et le divertissement. Il cite en exemple les entreprises Moment Factory et le Cirque du Soleil qui ont eu beaucoup de succès en Chine. «Le Québec est un écosystème de créativité qui attire les Chinois», constate-t-il.
Parce que la Chine détient la plus grande classe moyenne au monde (environ 400 millions d’habitants), la stratégie québécoise cible en particulier cette partie de la population, dont le pouvoir d’achat est titanesque. M. Lépine affirme même que les compagnies québécoises se spécialisant dans les articles de sports d’hiver (en prévision des Jeux olympiques d’hiver à Pékin en 2022), de même que dans la fabrication d’articles destinés aux animaux de compagnie pourraient faire fureur en Chine, puisque la demande pour ces types de produits connaît une forte croissance.
Un contexte difficile
À la suite de l’arrestation de la directrice financière de l’entreprise chinoise Huawei à Vancouver, en décembre 2018, une crise diplomatique a éclaté entre le Canada et la Chine. Par exemple, les autorités chinoises ont exercé des représailles envers le Canada, notamment en boycottant certaines exportations, et en détenant deux canadiens, un ancien diplomate et un homme d’affaires soupçonnés d’espionnage.
Malgré ce «contexte difficile pour les affaires», M. Lépine demeure convaincu qu’il y a de belles opportunités à saisir en Chine. Celui qui est également conseiller à l’ambassade du Canada à Beijing espère rassurer les entreprises québécoises réticentes de s’installer en Asie : «Avoir un pied à terre en Chine, ce n’est pas une dépense, c’est un investissement !» a-t-il rappelé, tout en faisant allusion à la croissance annuelle du PIB chinois, qui est actuellement à 6% et qui devrait se stabiliser à 5%, selon les experts. Le Canada, quant à lui, a une croissance annuelle qui se situe en bas de 2%.