Les homosexuels sont depuis plusieurs mois victimes d’une discrimination croissante de la part de l’État russe. À près d’une semaine de la tenue des Jeux, le gouvernement maintient la discrimination en avertissant les visiteurs étrangers : « l’homosexualité n’est pas admise à Sotchi. »
« Il n’y a aucun homosexuel dans notre ville », a supposé le maire de Sotchi Anatoly Pakhomov en entrevue à la BBC. L’hôte des prochains Jeux olympiques – qui auront lieu à partir du vendredi 7 février – a également ajouté que si les personnes issues des minorités sexuelles sont les bienvenues en Russie, « elles ne devront pas tenter d’imposer leur mode de vie aux autres ». L’avertissement fait référence à la loi controversée de juin dernier, où la Russie a formellement interdit la « promotion de la sexualité non traditionnelle » aux mineurs. La mesure visant à contrecarrer une prétendue « propagande homosexuelle » a été alors largement décriée par les défenseurs des droits humains, tant en Russie qu’à l’international.
Inquiet de l’image internationale qu’envoie cette politique officielle de discrimination, et spécialement pendant que les projecteurs sont braqués vers le spectacle olympique, le président Vladimir Poutine a récemment levé certaines restrictions au droit de manifestation. Mais les dernières déclarations du maire de Sotchi témoignent toujours de l’homophobie des dirigeants du pays, selon le leader de l’opposition russe Boris Nemstov. Ce dernier a indiqué l’existence de plusieurs bars gais à Sotchi, réfutant ainsi la curieuse hypothèse de son maire selon laquelle tous les habitants de la ville olympique seraient hétérosexuels.
À quelques jours de la tenue des Jeux, le gouvernement russe tente surtout de rassurer les éventuels visiteurs. Les responsables américains et russes ont déclaré travailler conjointement à la sécurité de la ville olympique, ouvertement visée par des organisations terroristes de Tchétchénie et de la région du Caucase à proximité.
L’armée et la police russes sont sur les dents, spécialement depuis le double attentat suicide de décembre où 34 personnes sont décédées à Volgograd (anciennement Stalingrad), ville située à quelque 700 km de Sotchi. Une attaque qui fait suite aux avertissements lancés par Dokou Oumarov, l’émir autoproclamé de « l’Émirat du Caucase », dans les faits chef militaire islamiste rebelle du Caucase russe. Le djihadiste avait ainsi lancé en juillet un appel aux islamistes radicaux du Caucase afin de tout mettre en œuvre pour gâcher les Jeux olympiques de Sotchi, « danse satanique sur le dos de nos ancêtres [tchétchènes] ».
Déjà, de nombreuses délégations sportives internationales ont annoncé prendre des mesures exceptionnelles de sécurité. Les athlètes américains, par exemple, se sont vus exhortés de ne pas sortir vêtus des couleurs de leur pays. Pour sa part, le Canada a émis plusieurs recommandations de sécurité aux voyageurs à destination de Sotchi. Le ministre de la Sécurité publique, le député de Lévis Steven Blaney, a invité les Canadiens à faire preuve de grande prudence, spécialement dans les lieux à risque tels les gares et aéroports. Le gouvernement conservateur a aussi appelé les ressortissants canadiens à éviter les manifestations, qui pourraient être nombreuses pour attirer l’attention sur la condition des droits des homosexuels en Russie.