Graphisme : Alice Beaubien

Jeux olympiques : L’alliance sportive des Corées

Les Jeux olympiques d’hiver 2018 prévus du 9 au 25 février prochain à PyeonChang en Corée du Sud semblent marquer un tournant dans les relations diplomatiques entre les deux Corées. Suite à une première rencontre le 9 janvier dernier à la frontière entre les deux pays, la diplomatie sportive  joue un rôle important dans le dialogue géopolitique.

C’est à Panmunjom dans la zone démilitarisée de la péninsule coréenne que les deux représentants de la Corée du Nord et de la Corée du Sud se sont rencontrés. Ayant déjà boycotté les Jeux olympiques de Séoul de 1988, la Corée du Nord marque ainsi un tournant positif dans les relations diplomatiques avec son pays voisin.

« Le sport est considéré comme une culture universelle, un langage que tout le monde peut comprendre et qui n’engage à rien. Il permet ainsi de dialoguer entre les États plus facilement », explique Maxime Desirat, étudiant chercheur à l’Université du Québec à Montréal (UQAM), spécialisé dans la géopolitique du sport et en géographie politique.

Le sport et le pouvoir des images

« Le sport est le phénomène le plus mondialisé à l’ère de l’information. On peut attribuer au sport la création d’images et ainsi le considérer comme une chance d’exposition », poursuit Maxime Desirat.  Sanctionnée par la communauté internationale, la Corée du Nord profiterait ainsi de cette opportunité pour montrer à l’occasion des JO une image positive de sa nation.

Le régime dictatorial en Corée du Nord véhicule très peu d’images de son pays à l’international. « Les JO donnent ainsi l’occasion à Kim Jong-un de montrer un pays fort, en santé et aussi raffiné avec par exemple le patinage artistique », selon l’étudiant. 

Bien que présent aux JO d’été comme d’hiver, le pays n’est pas connu pour ses nombreuses victoires aux sports d’hiver. La Corée du Nord n’a obtenu que deux médailles depuis sa première participation en 1964 aux JO d’hiver à Innsbruck en Autriche. « Le sport permet de marquer un moment rare de publicité positive au niveau diplomatique », rajoute Maxime Desirat.

Tensions internationales et internes

Si cette rencontre pacifique semble un premier pas encourageant vers la réconciliation des deux pays, il n’est pas sans rappeler la position délicate dans laquelle se trouve la Corée du Nord. En effet, suite à ses nombreux essais nucléaires, qualifiés de provocations à l’encontre de la communauté internationale, Kim Jong-un est sujet à des sanctions internationales.

C’est également sa relation tendue avec le Président des États-Unis Donald Trump qui retient l’attention, l’escalade de menaces sur leurs comptes Twitter respectifs ayant fait la une des médias à de multiples reprises.

Washington, proche de la Corée du Sud, a annoncé dans un récent communiqué de presse maintenir la pression sur la Corée du Nord malgré les JO. Une décision qui va à l’encontre de la trêve olympique imposée par le Comité international olympique (CIO) et l’ONU, permettant aux pays en conflit de marquer une pause le temps des jeux.

Toutefois, les enjeux de ce début d’entente pourraient aussi jouer en défaveur de l’actuel président de la Corée du Sud, Moon Jae-in. En effet, bien que connu pour sa volonté affichée d’engager un dialogue diplomatique avec son voisin du Nord, Moon Jae-in risque de se retrouver dans une position délicate à l’international et au sein de son propre pays. Car, depuis l’annonce d’une fusion de l’équipe féminine de hockey de la Corée du Sud avec des joueuses nord-coréennes, la côte de popularité de Moon Jae-in a nettement baissé.

 

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