L’avenir de l’Euro décidé par les juges allemands

Mercredi dernier, moins d’une semaine après la Banque Centrale Européenne (BCE), la Cour constitutionnelle allemande a autorisé le lancement du Mécanisme Européen de Stabilité (MES), fort de ressources à la hauteur de 500 milliards d’euros.

Pierre Yves Robert

Le 12 septembre, les huit juges allemands ont unani­mement accordé le pouvoir au président allemand Joachim Gauck de signer les textes de lois adoptés par le Bundestag sur le futur fonds de secours européen MES, ainsi que sur le Pacte de stabilité. Visant à sortir l’Europe de la crise, ceux-ci devraient voir le jour en oc­tobre. Cette décision fait suite à une série de plaintes déposées après que le Parlement alle­mand ait ratifié, le 29 juin der­nier, des projets de lois instau­rant le MES, qui devait entrer en vigueur le 1er juillet, mais qui avait été ralenti par ces contes­tations parlementaires.

La Cour constitutionnelle allemande, basée à Karlsruhe, a jugé que contrairement aux reproches contenus dans les plaintes déposées depuis juin, la loi approuvant le MES était «en grande partie en confor­mité avec l’exigence constitu­tionnelle que la souveraineté budgétaire demeure entre les mains du Bundestag». Pour délimiter cette souveraineté budgétaire, les juges ont no­tamment fixé une limite à l’implication maximale de l’Al­lemagne dans le financement du MES, exigeant qu’elle ne peut excéder les 190 milliards d’euros sans l’approbation des parlementaires du pays.

«Un travail pour l’euro»

La Chancelière allemande Angela Merkel a réagi en af­firmant qu’il s’agissait d’une «bonne journée» pour l’Europe et l’Allemagne, soulignant «ses responsabilités en tant que pre­mière économie européenne». «Notre travail pour l’euro et l’Europe continue», a résumé son ministre des Affaires étran­gères, Guido Westerwelle.

L’adoption par Berlin des der­niers mécanismes de sauvetage de la zone euro lève ainsi une incertitude majeure sur la ges­tion de la crise financière euro­péenne. Plusieurs analystes ont souligné qu’il s’agissait d’un nouveau grand pas pour désa­morcer la crise de l’euro, le MES agissant comme un pare-feu substantiel à un redouté défaut de paiement de pays comme l’Italie ou l’Espagne. La zone euro a déjà prévu d’avancer 100 milliards d’euros pour sauver le secteur bancaire espagnol en difficulté, mais l’Espagne pourrait avoir besoin de capi­taux supplémentaires pour venir en aide à ses régions autonomes, dont plusieurs ont déjà demandé le soutien finan­cier de Madrid.

Madrid n’a toujours pas décidé si elle demandera une aide financière supplémen­taire à l’Europe. Une réunion des ministres des Finances de l’Union Européenne (UE) est à l’agenda samedi, à Chypre, où la BCE est appelée à sou­tenir l’Espagne et, plus gé­néralement, les autres pays en difficulté de l’UE afin de sauver l’euro, durement touché par les économies européennes chancelantes.

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