Le continent africain est témoin de petits et de grands miracles, les évènements des dernières semaines ont su convaincre les plus sceptiques d’entre tous.

Élections en Ouganda

Ce sera sur les planches des plateaux ougandais que se jouera cette semaine le prochain grand acte électoral. Critiques, les analystes et les médias partagent un sentiment de déjà-vu pour ce pays enclavé au centre de l’Afrique.

Soufflant le chaud et le froid sur la tenue du scrutin, le président Yoweri Museveni pourrait être réélu pour un quatrième mandat. À la tête du pays depuis 25 ans, à la fois comme chef de l'État et du gouvernement de la république ougandaise, il affrontera huit candidats principaux dont son ancien allié et opposant historique, le docteur Kizza Besigye. Ce dernier devra par ailleurs se tenir à carreau puisque Museveni lui a prédit un « raccourci vers la prison de Luriza » s’il dévoilait les résultats avant leur sortie officielle. Les candidats, tout comme les journalistes de la presse, sont prévenus.

L’actuel président de l’Ouganda n’est pas le genre d’homme à avoir la langue dans sa poche lorsqu’il s’agit de processus démocratiques. Il avait déjà discrédité la reconnaissance du président ivoirien Allassane Ouattara par l’ONU, rejoignant en cela la position du président sud-africain Jacob Zuma et celle, montante, de l’Union Africaine. Ce serait par l’instauration d’une enquête indépendante en Côte d’Ivoire que le processus, jugé trop simpliste, pourrait se débloquer selon lui. Pas un mot par contre sur la durée ou la composition de cette commission : Museveni est le genre d’homme à avoir le temps.

Les 10 millions d’électeurs pourront déposer leurs bulletins de votes dans les quelques 21 000 bureaux répartis sur le territoire. Dans ce pays qui n’a connu que quatre ans de démocratie électorale à plusieurs partis depuis son indépendance en 1962, le chemin à parcourir est encore long.

Bien qu’il y ait peu de craintes de violences post-électorales grâce à la signature d'un accord de paix de 2008, l’armée a été déployée sur tout le territoire. Cette présence servirait de dissuasion, afin que certains candidats problématiques auraient été placés sous le contrôle du capitaine Mugisha. L’armée a par ailleurs signalé son respect de la voie démocratique en spécifiant qu’elle acceptera les résultats et ne s’ingèrera pas dans le cas d’une éventuelle défaite de Museveni.

Pour le futur président du pays, la situation n’est pas des plus reluisante. L’Ouganda est un point d’agglomération pour les problématiques régionales : mouvements rebelles, trafic d’armes mais aussi quelque 280 000 réfugiés provenant du Soudan, de la République Démocratique du Congo et du Rwanda ainsi que 1,27 million de déplacés internes. Et cela, sans oublier les près de 1 million de personnes atteintes du VIH/SIDA. Des années de conflits et de mauvaise gouvernance auront servi à vider les caisses de l’État.

L’Ouganda est l’exemple type du pays africain qui, une fois sorti des projecteurs humanitaires, prendra des décennies à s’en sortir. Pourtant, chaque jour, des millions d’Ougandais travaillent une terre afin de bâtir un avenir hors des guerres. Pour les représenter, des hommes et des femmes prennent la voie de la politique et leur proposent une alternative par les urnes. Les évènements en Tunisie et en Égypte auront servi d’exemple aux yeux du monde entier : le changement ne s’obtient pas forcément par la voix des armes et le peuple n’est pas dupe lors d’élections irrégulières.

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