2012,
Il aurait fallu être extrêmement attentif pour remarquer, dans les rues de New-York la semaine de l’élection, un signe quelconque que le pays est sur le point de décider de son avenir pour les quatre prochaines années à venir. Dans les rues, vierges de pancartes électorales, on parle beaucoup plus de météo que de politique. Seuls les médias viennent nous rappeler bruyamment que la campagne présidentielle bat son plein, et que si la victoire du président sortant Barack Obama ne faisait aucun doute dans la Grosse pomme, il en allait autrement pour le reste du pays. La lutte promettait d’être très serrée, « historiquement » serrée même – alors que le chômage élevé devait désavantager M. Obama pour cette reprise « historiquement » lente.
La surprise a ainsi frappée en fin de soirée, alors que les américains, ou plus exactement un peu plus de la moitié d’entre eux, sont allé exercer leur droit de vote. Dès 23h, l’avance du président dans la majorité des États clés ( ou Swing States ) rend très improbable la victoire de son rival. Quelques minutes plus tard, CNN annonce la réélection du président Obama, qui a finalement remporté la course dans tous les États clés à l’exception de la Caroline du Nord. Même la Floride et l’indécise Virginie se sont finalement rangées du côté démocrate. La course était-elle si serrée, et « historique », que le prétendait la presse américaine, dont on peut déceler un certain glissement vers le sensationnalisme obligé de la politique spectacle ? Derrière les facteurs contextuels ( l’ouragan Sandy avait été qualifié de « surprise d’octobre » pour le président Obama par le New-York Times ), il est possible que ce soit une tendance lourde qui ait échappé aux bonzes médiatiques : le changement démographique américain tend à avantager durablement le parti démocrate. L’immigration latino-américaine, à elle seule, a fait changé la donne dans de nombreux États traditionnellement républicains, comme le Nevada, maintenant démocrate. Cette élection était donc bel et bien historique, non pas pour l’âpreté de la course, mais bien parce qu’elle marque la fin de « l’hégémonie de l’homme blanc hétérosexuel », note le Chicago Tribune.
Boris Proulx