Photo par Renaud Dugas, Loto-Québec

La Loterie…

Dans le cadre de ce numéro sur les finances, j’ai décidé de fantasmer un peu et de m’imaginer remporter un prix Loto-Québec. La plupart du temps, remporter un gros montant change une vie, mais est-ce que les gagnants et
gagnantes sont prêts à affronter leur nouvelle réalité ? Je me suis entretenu avec le conseiller senior en affaires publiques et en médias chez Loto-Québec, Renaud Dugas, pour discuter du processus que les gagnants traversent une fois nouveaux millionnaires.

Par William Lapierre, chef de pupitre société

« Le premier conseil qu’on donne [à ceux et celles qui jouent à la loterie], c’est de vérifier leurs billets et de signer l’endos de ceux-ci. C’est grâce à la signature qu’on peut s’assurer de distribuer le bon prix aux bonnes personnes », me raconte d’entrée de jeu Renaud Dugas.

Exemple fictif : je m’aperçois que j’ai remporté un montant de plus de 25 000 $. Première étape, je dois m’assurer que j’ai effectivement le bon billet et qu’il est signé. Ensuite, contacter un centre de réclamation de Loto-Québec pour prendre rendez-vous – les informations sont disponibles sur le site internet de la société d’État. Puis, un petit questionnaire est remis au gagnant pour s’assurer qu’il s’agit bel et bien de la bonne personne. Une fois les vérifications terminées, c’est le début de l’encadrement pour les chanceux et les chanceuses.

« Le chemin du gagnant en arrivant à notre bureau de réclamation débute en étant mis en contact avec un spécialiste en service à la clientèle qui l’accompagnera tout au long du processus », explique M. Dugas.

Une rencontre d’environ une heure, une heure et demie, permet aux gagnants d’être le mieux outillés possible à l’après-victoire. Il est facile de penser qu’un gain d’un million et plus pourrait chambouler complètement notre vie. Même un petit gain de 100 000 $ peut brouiller les cartes, surtout lorsque l’on n’a jamais été à l’aise financièrement. L’argent change bien des choses. C’est pourquoi monsieur Dugas martèle : « bien encadrer nos gagnants est une priorité à Loto-Québec ».

Pour aider les vainqueurs, des vidéos de gagnants antérieurs racontant leur histoire permettent aux nouveaux millionnaires de mettre les choses en perspectives et de se préparer à leur tour au futur. Fait intéressant, une expérience de réalité virtuelle est désormais offerte. Ce casque virtuel « plonge les gagnants dans des situations auxquelles ils peuvent éventuellement faire face dans un contexte de travail, de party de famille ou de possible arnaque, d’offre d’investissement douteuse, etc. », explique-t-il.

Un suivi est effectué auprès des gagnants après deux mois, six mois et un an, question de s’assurer que tout se déroule comme il le faut après la victoire.

Quelques conseils de Loto-Québec

Premier aspect, la gestion financière de la cagnotte. Loto-Québec ne va jamais conseiller les vainqueurs sur la façon de dépenser leur argent. Cependant, la société d’État dirige ses gagnants à des spécialistes qui connaissent le monde des finances et des investissements. Ces spécialistes peuvent apporter des stratégies pour gérer efficacement la somme gagnée.

« On leur donne des pistes pour faire affaire avec des institutions financières, des conseillers en placement et des ordres professionnels (avocats, notaires, etc.). Nous ne sommes pas des conseillers financiers, mais nous sommes capables d’outiller nos gagnants et de leur donner des endroits où ils obtiendront de bons conseils », poursuit
Renaud Dugas.

Deuxième aspect, laisser retomber la poussière. Généralement, un gain important de Loto-Québec change une vie. Les dépenses extravagantes impulsives sont à éviter. « Ça vaut la peine de réfléchir et de placer l’argent à court terme avant de se lancer dans les dépenses et dans les rêves », relativise le conseiller senior en affaires publiques et en médias.

Troisième et dernier aspect, la prudence. Loto- Québec recommande de faire attention à ce que l’on publie sur les réseaux sociaux après la victoire. Pourquoi ? Pour éviter de divulguer trop d’informations et d’attirer des gens malintentionnés. « On conseille aux gens de porter une attention particulière sur leur plateforme, surtout de nouvelles demandes d’amitié ». Il faut demeurer sceptique devant l’arrivée de la fameuse famille éloignée qui refait surface ou des anciennes connaissances qui reviennent dans le décor pour quêter une partie du magot.

Je vais me permettre de rêver un peu et d’imaginer ce que je ferais avec une énorme somme d’argent – disons 55 millions.

Avant toute chose, je termine ma session universitaire, comme un sage garçon, tout en évitant d’effectuer des dépenses énormes ou impulsives. À l’hiver, je prends une sabbatique d’un, deux ou trois ans, tout dépendant de mon humeur. J’en profite pour voyager partout. Et quand je dis partout, je dis partout où il y a : haute société, casinos, voitures de luxe, smokings, monocles, cannes, chapeaux haut-de-forme. Préalablement, je suis des cours de bienséance et de bonnes manières, parce qu’après tout, je veux profiter des soirées des élites et monarques de ce monde. J’essaie de ne pas dilapider tout mon argent (environ la moitié serait parfait). Donc, je vis à fond pour un, deux ou trois ans, tout dépendant de la vitesse à laquelle je flambe mon argent. Peut-être plus un an, à bien y penser. Une fois la poussière retombée, ma vie d’homme riche tire à sa fin et je retourne dans mon coin natal.

Originaire des Îles de la Madeleine, je décide de m’y installer et de redonner à la communauté. En grand philanthrope que je suis, je donne une vingtaine de millions à la municipalité pour renflouer les coffres des Îles, qu’on puisse gâter un peu les Madelinots et Madeliniennes. Un peu moins de taxe pour tout le monde – ho boy, je vais être apprécié de tous. Seule chose que je demande en échange, on renomme la polyvalente, l’aréna, l’église et,
hum… l’hôpital en mon honneur. Quelques rues aussi, tant qu’à ça. « La polyvalente William Lapierre », wow ça sonne bien. « L’église Monseigneur Lapierre » – encore mieux. Et que dire de « l’aréna William Lapierre » ! Exquis ! Magnifique ! Hourra trois fois pour Monsieur Lapierre ! De mon côté, il me reste quelques millions si je calcule comme du monde, je me suis donc acheté une demeure correcte. Rien d’extravagant, juste assez pour être bien, avec vue sur la mer évidemment. Il me reste un, peut-être deux millions si je suis chanceux. Qu’est-ce que je peux bien faire pour occuper mes journées? Je dois me trouver un petit travail, question de m’occuper et d’avoir un minimum de revenu. Je deviens aide-pêcheur sur un bateau de pêche aux homards. La saison est relativement courte et moins difficile que bien d’autres pêches. Super, je peux me la couler douce le reste de l’année. Question d’éthique, je ne prendrai pas le chèque de chômage. Voilà donc mon fantasme de millionnaire.

Petite histoire de Loto-Québec

Peu importe que vous soyez participant ou non, et peu importe votre opinion sur la loterie et les jeux de hasard, vous avez surement déjà entendu parler de Loto-Québec. Pour les quelques lecteurs qui seraient dans le néant, voici une courte présentation historique de la société d’État.

1969 – Le gouvernement de Jean-Jacques Bertrand (Union nationale) autorise la 
création de Loto-Québec qui devient la première société de loterie au Canada et la 
troisième en Amérique du Nord. Damant le pion au crime organisé, les profits des 
activités des jeux de hasard sont retournés dans les coffres du gouvernement. Le 
lancement officiel se concrétisera en février 1970. Il y avait 125 000 $ à gagner 
lors du premier tirage.

1972 – Après des débuts fulgurants pour la société de loterie, le gouvernement 
fédéral décide de s’inviter à la fête. Se servant des éventuels Jeux olympiques de 
Montréal (1976) comme prétexte, le gouvernement de Pierre Elliott Trudeau autorise
la création de Loto-Canada. Les provinces font vite savoir leur mécontentement et, 
sept ans plus tard,le projet est abandonné, transformant ainsi la gestion des 
loteries en compétence provinciale.

1978 – Un partenariat entre Québec et les provinces atlantiques permettent la 
venue des loteries interprovinciales. Des loteries de Vancouver à Halifax sont 
désormais disponibles. Début du 6/49 quelques années plus tard (1982) avec un gros
lot de 500 000 $.

1988 – Chiffre d’affaires d’un milliard pour la société d’État.

1990 – L’occasion de miser sur des événements sportifs est offerte par Loto-Québec 
avec Mise-o-jeu.

1994 – Ouverture du casino de Charlevoix, un an après celui de Montréal et deux 
ans avant celui du Lac-Leamy.

2006 – La Poule aux œufs d’or, émission culte québécoise, passe la barre des 100 
millions de dollars remis en lots à la télévision depuis sa création 13 ans plus 
tôt.

2007 – Ouverture des Salons de jeux de Québec et Trois-Rivières.

2009 – Le casino de Mont-Tremblant voit le jour.

2010 - Un gros lot de 37,6 millions de dollars est remporté par un Québécois. Il 
s’agit du plus gros lot versé par Loto-Québec à l’époque.

2012 – Les salles Kinzo sont en pleine expansion, alors que pas moins de cinq
salles Kinzo ouvrent leur porte durant l’année. Aujourd’hui, le Québec compte
16 salles Kinzo.

2017 – Plus gros lot remporté par un groupe – 60 millions de dollars. Ce fut 
l’année la plus lucrative et la plus chanceuse pour les Québécois, alors que 
Loto-Québec a fait 132 nouveaux millionnaires.

2019 – Le plus gros lot de l’histoire du Québec est remporté par une famille de 
Montréal : 65 millions de dollars. Du 1er janvier au 6 novembre 2019, Loto-Québec 
a versé 76 lots de 1 000 000 $ ou plus et fait 69 millionnaires. Les loteries
Gagnant à vie et Grande Vie ont permis à 22 chanceux de mettre la main sur une 
rente à vie.

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