Le 6 mai 2023 fait désormais parti des dates à retenir au Royaume Uni. Au lendemain du décès de sa mère la reine Elizabeth II, le prince Charles se fait couronner au sein de l’Abbaye de Westminster à Londres aux côtés de sa seconde épouse Camilla Parker Bowls. En endossant ce rôle, le roi Charles III devient également gouverneur de l’église d’Angleterre et chef du Commonwealth.
Par Joyce Shabani, cheffe de pupitre société
La somptueuse cérémonie de couronnement du roi Charles III ne fait pas de succès critique dans la presse, aussi bien britannique qu’internationale. On peut l’expliquer par plusieurs enjeux qui n’ont pas su être relevés, en partie parce que la réputation de la famille royale connaît un déclin depuis quelques années (voir p°46 http://impactcampus.ca/le-mag-en-ligne/mag-perce-neige-avril-2023/). Plusieurs éléments relevés par différents médias font scandale depuis peu à propos du couronnement. Le prix exorbitant de la cérémonie, la provenance des objets utilisés et exposés pendant la cérémonie ainsi que la répétition de différentes traditions sont des objets de controverse pour les internautes. Certains médias reviennent sur cette problématique, car on ne sait comment interpréter cette indifférence populaire à l’égard du couronnement.
Appréhension sur le déroulement de la cérémonie
Ayant eu un très long règne, la reine Elizabeth II a su entretenir le mystère autour de son successeur. De nombreuses spéculations sont émises autour de l’incertitude du prochain monarque, ne sachant pas si ce serait le prince Charles ou le Prince William qui reprendrait le trône. Les réactions sont assez platoniques lorsque la famille royale annonce le couronnement prochain du prince Charles. C’est un évènement redouté depuis un moment au Royaume–Uni, et pour cause, le dernier date de 1953. L’ère n’étant pas la même, des enjeux importants s’imposent quant au couronnement. Depuis le déclin de la réputation de la famille royale auprès des Britanniques, on observe continuellement les avis des Britanniques sur différentes questions concernant la famille royale. Des sondages relèvent ces avis pour nuancer les convictions de la population autour de ce couronnement. Un sondage YouGov publié en avril 2023, à la suite de l’annonce du prochain souverain, révèle des résultats assez troublants. Le résultat indique que 64% des Britanniques ne sont pas intéressé.es par le couronnement. Pourtant, celui-ci représente un moment très symbolique dans l’histoire du pays étant donné que c’est le premier couronnement que connaîtront de nombreuses générations, qui n’avaient connu que la reine Elizabeth comme monarque jusqu’ici. En réalité, ça peut s’expliquer par de nombreuses circonstances, à commencer par le coût de ce couronnement.
Une note salée pour les Britanniques
Au-delà de l’indifférence des Britanniques à l’égard de la famille royale, le mécontentement qui en ressort est surtout animé par un ressentiment. A l’aube du Brexit, qui a divisé la nation comme jamais auparavant, les Britanniques sont contraint.es de financer le couronnement du roi. Alors que la fortune personnelle du prince Charles est estimée à 600 millions de dollars (d’après Statista) au lendemain du décès de sa mère, c’est quand même aux contribuables de couvrir toutes ses dépenses. On comprend la contrariété des Britanniques qui sont déjà forcé.es de contraindre leurs dépenses quotidiennes, notamment à cause de l’inflation. Iels se retrouvent désormais à régler une somme de près de 100 millions de dollars, qui s’expliquerait par le fait que le couronnement représente une charge étatique. Les finances publiques étant destinées à servir les intérêts de la nation sont parfaitement adaptées à l’occasion selon la famille royale. Néanmoins, dans le cadre économique que toustes les européen.nes y compris les Britanniques traversent, ce n’est pas forcément la meilleure idée. Encore moins lorsqu’il est question de redorer l’image des Windsor, alors qu’iels sont millionnaires.
Une carence quant à la représentation ?
Malgré la volonté de moderniser le couronnement, on observe un problème quant aux symboles utilisés tout au long de la cérémonie. En effet, le roi Charles III aurait insisté pour que le couronnement soit au goût du jour ; durée courte, peu d’invité.es (2000 contre 8000 pour la Reine Elisabeth II) afin d’incarner un renouveau. C’est sans compter le sentiment que procurent les objets utilisés pendant le couronnement. Ceux-ci rappellent le passé colonial des Britanniques puisqu’une bonne partie des bijoux proviennent d’anciens états colonisés, ayant déjà lancés des appels de restitution d’objets volés. Le plus remarquable d’entre eux reste le plus gros diamant du monde connu à ce jour : le Cullinan I, trouvé en Afrique du Sud en 1905. Divisé en plusieurs parties, il est exposé sur l’un des spectres que le roi a eu à tenir lors de son couronnement. Des personnalités sud-africaines se sont exprimées à ce propos, pour exprimer leur désagrément. « Toutes les richesses minérales de l’Afrique du Sud appartiennent au peuple sud-africain, pas à un palais britannique. Des gens sont morts, du sang a été versé pour que ces diamants trouvent le chemin de la Grande-Bretagne. » a déclaré le député Vuyolwethu Zungula, jeudi dernier auprès de l’Agence d’information mondiale l’AFP.
Références
https://docs.cdn.yougov.com/6xeg5h7mi1/RoyalFamily_Opinion_2012toPresent_W.pdf
Le Figaro avec l’AFP, « Couronnement de Charles III : le diamant du sceptre réclamé par l’Afrique du Sud », 2023