Courrier des lecteurs

En faveur de la hausse des frais d’accession aux études supérieures

«Entre vous et moi, ça ne me tente pas de payer plus cher, mais je sais que si je ne paie pas tout de suite, je vais payer plus tard avec mes impôts, car la dette augmentera toujours.»

– Gabrielle Brisebois, du Mouvement des étudiants socialement responsables

Belle réflexion! Et en acceptant de payer maintenant Gabrielle, vous ne faites qu’encourager les gouvernements à augmenter les frais (de tous les services publics) perpétuellement, en accord avec leur idéologie néolibérale, afin que le commerce (appelé trompeusement un système «économique») se poursuive sous sa forme actuelle. La dette va toujours augmenter dans un tel système sociétal – c’est mathématique, bien que certains individus (experts en «relations publiques») tentent de manipuler les citoyennes et les citoyens en leur faisant croire le contraire – mais les cartels économiques industriels, avec l’aide des gouvernements, tentent de pallier à ce problème en créant de l’argent (à l’aide des banques privées) puis en dépensant davantage pour réduire la proportion de la dette, relativement au produit intérieur. Ils y parviennent d’ailleurs en encourageant l’endettement individuel… pour réduire la dette commune! Ce syllogisme expose clairement la contradiction de ce raisonnement.

Il ne sera cependant jamais possible d’atteindre un équilibre ainsi; pas dans un système où la surconsommation des ressources est nécessaire à son fonctionnement et doit, ainsi, être hypocritement encouragée. Surtout lorsqu’on considère que la terre a, bien sûr, un nombre limité de ressources – tant humaine que matérielle; sans compter que l’exploitation de certaines d’entre elles n’est pas toujours bénéfique à la santé humaine. Il n’y a d’ailleurs qu’à penser à l’uranium, au charbon, au méthane (particulièrement celui extrait du schiste) ou encore à l’amiante pour s’en convaincre. Il est beaucoup plus facile de dominer ou contrôler les ressources d’un peuple sans éducation, puisqu’il est forcément plus naïf, collectivement.

D’ailleurs, en faisant le choix personnel d’aller à l’université, il est fort probable que votre salaire sera plus élevé et, donc, que vous contribuerez davantage à bâtir la société en payant plus d’impôts de toute façon – il s’agit, en fait, d’une des seules mesures équitables de prélèvement du capital monétaire des contribuables. Plus la société vous permet de faire de l’argent, plus votre taux d’imposition sera élevé, vous obligeant en quelque sorte à l’enrichir puisqu’elle vous enrichit; ça vous permettra d’être personnellement plus riche, malgré le fait que vous contribuerez davantage (en valeur absolue) à payer pour que la société dans laquelle vous vivez vive plus confortablement. En refusant cette actuelle hausse, vous permettez ainsi à d’autres, à l’avenir, d’avoir la chance que vous avez eue de faire ce choix de fréquenter l’université. Dans le cas contraire, seuls les gens issus de familles de plus en plus nanties et dont les parents ont eux-mêmes fréquenté l’université – les gens les plus éduqués d’une façon pragmatique donc – pourront permettre à leurs enfants d’avoir cette opportunité : c’est ainsi que le capitalisme fonctionne; contre une des raisons mêmes pour laquelle on dit qu’il a été adopté au départ, c’est-à-dire offrir une chance égale à tous.

Guillaume Garon

Auteur / autrice

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