Films baumes

Par Emmy Lapointe, cheffe de pupitre aux arts

Karaté Kid – Harald Zwart – 2010

Je m’explique difficilement pourquoi, mais c’est le film qui me motive le plus. Oui, il est assez cliché. De la persévérance, le pardon, la résilience, une fin prévisible, mais je m’en fous. C’est une version satisfaisante des Karaté Kid, la facture visuelle est bien, la performance de Jaden Smith est juste, celle de Jackie Chan touchante.

À l’ouest de Pluton – Myriam Verreault, Henri Bernadet – 2008

Film trop peu connu pour ce qu’il devrait être selon moi. Tourné avec peu de moyens (voire pas du tout) et des acteurs|actrices non-professionnel.les, À l’ouest de Pluton donne l’impression d’être un documentaire tellement son effet de réel est saisissant. 24 heures dans la vie d’adolescent.es d’une banlieue de Québec, 24 heures qui auraient pu être les miennes ou les vôtres. Pour les nostalgiques, pour les Peter Pan parmi nous.

8 Femmes – François Ozon– 2001

Film qui ne nie pas sa filiation au théâtre, au contraire. Ambiance kitsch, répliques cinglantes, c’est succulent. Drame policier qui cesse vite de l’être. Une distribution féminine grandiose : Catherine Deneuve (quand elle était moins problématique), Isabelle Huppert, Emmanuelle Béart et Danielle Darrieux. Il faut tout de même dire que le personnage de la femme de chambre interprétée par Firmine Richard ne pourrait pas être écrit comme ça aujourd’hui, et on l’aurait souhaité moins réducteur à l’époque.

Le Diable s’habille en Prada – David Frankel – 2006

Anne Hathaway, Meryl Streep, Emily Blunt et Stanley Tucci s’approchent assez de la caricature sans s’y frotter en fin de compte. Habile équilibre entre l’encensement de la haute couture et la critique du « culte des apparences ». Pour une raison qui m’échappe, l’idée du maître rendu trop vieux|vieille et qui se voit être dépassé.e, par les plus jeunes, me touche toujours. Ce qui vient me chercher n’est pas tant le dépassement en lui-même, mais plutôt la peur de disparaître et la peur de se voir mourir.

La femme de mon frère – Monia Chokri – 2019

Premier long-métrage de Monia Chokri met la barre assez haute pour ses prochains. La relation frère et sœur me semble être peu exploitée au petit et grand écran. Le film de Chokri est vif, lumineux, mais certainement empreint d’une certaine nostalgie. La cinéaste ne cache d’ailleurs pas ses influences (on devine facilement La Nouvelle Vague et sans doute quelque chose de Wes Anderson, du moins dans les couleurs). Certains dialogues sont divins. Anne-Élizabeth Bossé et Evelyne Brochu sont brillantes.

La grande séduction – Jean-François Pouliot – 2003

Les paysages de la Côte-Nord n’ont rien à envier à ceux de la Gaspésie. Le film de Pouliot est assez simple quand on y pense et pourtant, il fait partie, à mon avis, des meilleurs films québécois avec le remake de Roméo et Juliette (non ça, c’est une blague). Comédie certes, mais la problématique qu’il soulève est bien réelle. Performances justes et égales. Un vent salin de fraîcheur qui étire la belle saison encore un peu.

La La Land –Damien Chazelle – 2016

Je déteste les comédies musicales : elles tuent tout ce qui me reste de capacité d’émerveillement. Mais sans grande surprise, La La Land fait exception. Ryan Gosling et Emma Stone crèvent les cœurs et l’écran. La scène du planétarium n’a ni temps ni lieu, et celle de la fin m’a fait pleurer d’une émotion que je ne connaissais pas, comme une tristesse heureuse.

Les êtres chers – Anne Émond – 2015

Ceux et celles qui l’ont vu contesteront peut-être mon choix de mettre ce titre dans la liste, parce que oui, il est question de suicide, du « suicide héréditaire ». Mais je ne crois pas que le film soit vraiment à propos de ça. Non, il est à propos de l’envie folle de vivre, de l’envie de se parler, de l’envie d’aimer, pas de l’envie de mourir. Il est à propos de ceux et celles qui restent. Les paysages du Bas-Saint-Laurent sont doux et grands, comme la performance de Karelle Tremblay aussi.

La passion d’Augustine – Léa Pool – 2015

Je suis fan de Léa Pool, mais ses films ne sont pas très légers à part peut-être celui-ci, et encore. C’est un pan de l’histoire du Québec peu illustré au cinéma, celui de la transition vers la « laïcité ». La bande sonore est géniale pour quiconque apprécie Schubert et Chopin. La distribution est réjouissante. Lysandre Ménard donne une bonne première impression, Céline Bonnier et Diane Lavallée sont touchantes et Marie Tifo détestable comme il le faut.

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