Crédit photo : Christine Muschi/La Presse Canadienne Montage : Antoine Morin-Racine

Jagmeet Singh ou le Janus politique

Depuis son arrivée à la tête du NPD en 2017, Jagmeet Singh n’a fait que multiplier les contradictions. C’est à se demander si son parti a réellement une ligne directrice tant il change d’opinions comme il change de chemises. Il se comporte comme Janus, la divinité romaine aux multiples visages.

Par Nicolas Drolet, chroniqueur collaborateur

Jagmeet Singh prône ces temps-ci la bienséance parlementaire et critique Pierre Poilievre lorsque ce dernier se fait expulser de la Chambre des Communes pour avoir qualifié Justin Trudeau de « wacko ». Or, il oublie de mentionner la fois où il s’est fait lui-même expulser de cette même enceinte en 2020 pour avoir qualifié le député bloquiste Alain Therrien de « raciste », lors d’un débat sur la loi 21.

C’est cependant en 2022 que Jagmeet Singh va montrer à quel point il n’a aucune conviction. D’abord, il critique le gouvernement Trudeau en permanence sur sa gestion de la pandémie, mais fait voter son parti avec les libéraux sur la Loi sur les mesures d’urgence contre le Convoi de la Liberté, une loi dont l’application n’avait aucune justification selon le verdict de la Cour fédérale rendu en 2024. En 2023, Jagmeet Singh conclut un mariage de raison avec Justin Trudeau, le soutenant dans chacun de ses projets de loi, dans tous les votes de non-confiance déposés par les conservateurs.

En septembre 2024, Jagmeet Singh annonce le divorce avec Justin Trudeau, mais lorsqu’un énième vote de non-confiance est déposé par les conservateurs qui aurait pu confirmer sa cohérence avec la récente « déchirure » de son entente avec eux, il fait voter son parti en faveur des libéraux. Vers novembre 2024, les conservateurs déposent une motion pour un nouveau vote de non-confiance. Cette motion est écrite en utilisant les propres mots de Jagmeet Singh envers le gouvernement libéral. Jagmeet Singh fait voter son parti en défaveur de cette motion, contredisant lui-même ses propres paroles.

En décembre 2024, surprise, Jagmeet Singh déclare maintenant « être prêt à voter avec les conservateurs et le Bloc québécois pour faire tomber le gouvernement ». Il répète cette cassette pendant environ deux mois, jusqu’à ce qu’il plaide en début du mois de mars, comme Elizabeth May du Parti vert, la formation d’un gouvernement de coalition, en échange duquel qu’il allait cesser de solliciter un vote de non-confiance aux côtés des conservateurs.

Jagmeet Singh a montré avec le temps qu’il n’a aucune cohérence politique. Il dit « oui », puis « non », et ainsi de suite. Son opinion change comme une girouette au vent. Jagmeet Singh serait prêt à montrer n’importe quel visage qui, selon lui, sera suffisant au parti en place, afin de pouvoir préserver le peu de pouvoir qu’il lui reste, et retarder le plus possible la destruction électorale de son propre parti. Or, lorsqu’il est question de politique, la cohérence est importante. Certes, rien n’est gravé dans le marbre, surtout dans un monde politique en constante évolution. Il y a des choses qui restent les mêmes et d’autres qui évoluent. Cependant, changer son fusil d’épaule au gré des envies de son chef est un défaut politique qui ne peut que se retourner contre son parti aux prochaines élections.

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