Par Léonie Faucher, rédactrice en chef
M’assécher dans les larmes
Me poignarder dans les broussailles
M’enfoncer dans la forêt en flamme
M’enterrer sous le monde un instant
L’arsenic de ton toucher s’empreinte sur ma peau neige
Le sang de ta colère déchire mes lèvres cousues
L’Alzheimer de ton incompréhension hante mon pardon
La délicatesse de ta torture me retient au sommet du manège
La sciure des disputes me plante
Le déchiffrement écrase mes composantes
Fermer l’orée, risquer le braconnage
Courir à reculons sur le qui-vive
De peur que tu apparaisses
Jeu d’ombre, ta proie te fuit
Je voudrais disparaître dans une forêt de chênes
M’assurer de ne plus porter les miennes
Bloquée dans une sapinière résineuse
Dans ta mire, avare chasseur
Tu exiges, tu prends ; je soupire ; tu souris
Tu déforestes jusqu’à mes brindilles pour construire ton ciel
Feu de forêt dans mes neurones
La fumée de tes excuses m’empoisonne
La solitude d’un chêne m’envahit
Si je tombe seule, tu n’entends pas
Bruit sourd
Ce n’est pas moi qui tombe
Le maître chêne s’effondre
Et si je me relevais ?
Calme dru
Au loin, ta hache ne coupe plus