Depuis que le débat sur la hausse des droits de scolarité (et dans la foulée, celui sur la pertinence de la grève générale illimitée) s’est amorcé sur le campus de l’Université Laval, un phénomène peu commun semble frapper les différentes associations étudiantes. Ce phénomène, qui je dois l’avouer me laisse perplexe, se révèle dans toute sa splendeur lorsqu’un exécutif affirme à quiconque veut bien l’entendre, qu’il n’hésitera pas à « déchirer sa chemise » pour défendre la position adoptée par leurs commettants en assemblée générale.
Tous conviendront avec moi qu’une telle volonté est louable. Pourtant, elle crée un malaise lorsqu’on analyse de plus près les résultats en pourcentage des différentes assemblées départementales. Ainsi, Le Soleil nous révélait en février dernier que les associations regroupant les étudiants de premier cycle en relations industrielles (AGERIUL) et d’administration (AÉSAL) faisaient état que leurs membres appuyaient la hausse des droits de scolarité à des hauteurs respectives de 61,4 % et de 83,5 %. Or, il s’avère important de ne pas occulter pour autant une donnée tout aussi pertinente; soit le taux de participation à l’exercice de consultation qui s’est établi à 27,6 % pour les étudiants en relations industrielles et à 20% pour ceux en sciences administratives. De tels résultats semblent être le fait tant des associations étudiantes ayant adoptées des mandats de grève, que celles s’y étant opposées. À noter également qu’un faible taux de participation avait aussi été observé lors du référendum organisé par la CADEUL en octobre 2011 pour sonder la communauté universitaire sur le même enjeu (33 %).
La question qui se pose alors tout naturellement est : pourquoi tant de gens, malgré l’importance du sujet à être débattue, ne se présentent-ils pas à leur assemblée générale respective? Bien que plusieurs me rassurent que ce sont-là des niveaux de participation tout à fait respectables compte tenu du contexte, je ne peux que continuer à me questionner. Toutes ces personnes avaient-elles la certitude que leur position serait adoptée? Car, si l’on sait pour sûr que certains sont en faveur et que d’autres en désaccord avec la hausse de 75 % des droits de scolarité décrétée par le gouvernement Charest, il semble qu’un nouveau camp est fait surface; soit celui des sans opinion. Or, dans la mesure où le positionnement d’une association étudiante concernant les droits de scolarité est principalement symbolique, celui concernant la grève peut entraîner de nombreuses répercussions au niveau pratique, et ce, pour tous les étudiants. Si l’université est en quelque sorte le microcosme de la société, quel niveau de politisation et d’implication peut-on entendre de nos futurs gradués lorsqu’ils quitteront les bancs d’école?
Avec l’approche de l’assemblée générale de l’Association des Étudiants en Sciences Sociales concernant la grève générale illimitée, je constate que le ton semble avoir monté entre les camps, alors que certains parlent du droit légitime de l’AESS de mettre tous ces membres en GGI et que d’autres y vont d’appels au boycott et au non-respect des lignes de piquetages. Quel sera l’impact de cette nouvelle dichotomie sur l’adhésion des étudiants aux outils qui leur sont offerts afin de faire valoir leurs idées? Bref, beaucoup de questions et peu de réponses pour tous les démocrates du campus épris de débats inclusifs, pertinents et générateurs d’idées.
François Ouellet Castro