Dans son discours inaugural, le premier ministre Jean Charest a dévoilé des mesures pour le moins audacieuses pour régler les problèmes du monde de l’éducation.

«M’en va te régler ça, moi, le monde de l’éducation» (prise trois)

Dans son discours inaugural, le premier ministre Jean Charest a dévoilé des mesures pour le moins audacieuses pour régler les problèmes du monde de l’éducation. Entre autres, le retour du vouvoiement et l’installation de tableaux interactifs ont défrayé les manchettes (entre les déclarations «fracassantes» du genre «l’éducation est une priorité» et les énigmes à résoudre plus tard comme «les étudiants devront payer leur juste part»).

Pour le vouvoiement, mes sources bien placées dans le milieu éducationnel me soufflent à l’oreille qu’il était déjà bien avancé un peu partout au Québec. Il n’y a rien de mal à inculquer un peu plus aux élèves que «madame l’enseignante» en sait, oui Junior, plus que toi sur pas mal tout et que ton opinion sur son cours de mathématiques ne vaut pas vraiment la sienne. Alors «vous», s’il-vous-plaît.

Cependant, l’achat massif de tableaux «intelligents» dans les classes pour raviver l’intérêt des jeunes me fait penser aux journaux et aux magazines désespérés qui vantent leurs versions électroniques dans le but de faire revenir les gens à leur publication. On prend essentiellement les jeunes et les moins jeunes pour des cons attirés par les objets brillants. «OUH! Un iPad! Je vais lire Guerre et Paix!» «OUH! Un tableau qui bouge! Je trippe maintenant sur les maths!»

Même si on se grée d’un iPad et d’un tableau intelligent, on vit quand même dans une société où c’est bien vu d’associer «intellectuel» et «bonhomme brun et ronflant». Une société où on glorifie le manque de curiosité et où les élites intellectuelles sont considérées comme des bizzaroïdes qui, une fois de temps en temps, produisent un succès à l’étranger mais généralement rien ici.

Si nos élus voulaient véritablement régler le problème actuel en éducation, ils y penseraient deux fois avant de prononcer n’importe quoi qui ressemble, de près ou de loin, à «le vrai monde». Tant qu’on ne considérera pas que le «vrai monde» n’est pas juste celui qui aime la poutine et les Nordiques, on ne fera qu’accroître le fossé entre les «have» et les «have-not» de l’éducation. C’est bon, la poutine. C’est l’fun, les Nordiques, mais l’éducation post-secondaire, par exemple, n’est pas qu’une déviance bizarre d’une clique de gauchistes. C’est ce que «le vrai monde» fait, aussi.

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En Ontario, le même genre d’empressement politique a créé tout un remous, l’an dernier, quand le premier ministre avait dit qu’il ne fermerait pas la porte à une éventuelle autorisation d’appareils mobiles en classe. Le problème, dans ce genre de situations, c’est que la pédagogie n’est pas une affaire de vives déclarations politiques à l’emporte-pièces.

L’utilisation de technologies en classe fait l’objet de recherches, de travaux et d’hypothèses, et je ne veux pas me mêler de ces questions pour le moins épineuses.

Cependant, il faut admettre que certaines déclarations ne sont que de la poudre aux yeux destinées tant à projeter l’image d’un système d’éducation traditionnel et autoritaire en Ontario, sans téléphones ni iPod touch, qu’un système à la fine pointe et branché au Québec. Il est possible que l’utilisation de tableaux intelligents révolutionne l’éducation et favorise incroyablement la réussite des jeunes, mais le scepticisme est de mise.

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Dans la série de citations des dernières semaines, permettez-moi d’imiter le général MacArthur qui, en 1942, déclarait «I shall return». Ainsi, non seulement je reviendrai, mais nous, l’équipe d’Impact Campus, reviendrons le 15 mars prochain dans les kiosques. D’ici là, bonne mi-session, bonne semaine de lecture et profitez-en pour m’envoyer un courriel à redaction@impact.ulaval.ca.

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