Dominique Payette, professeure à l’Université Laval, est en lice pour être députée de la circonscription de Charlesbourg. Docteure en sociologie et journaliste durant 30 ans, faire de la politique active est apparu pour elle un chemin naturel.
Jean Louis Bordeleau
Arrivée à 60 ans, elle s’est dit : « Qu’est que je n’ai pas fait et que je regretterai de ne pas faire? » Elle explique : « Ça fait 20 ans que je suis préoccupée par l’engagement citoyen et que j’encourage les gens de s’impliquer. Quand la première ministre t’appelle pour demander ton implication, la réponse va d’elle-même. » Dominique Payette ne pouvait refuser l’offre du Parti québécois, entre autres parce que c’est « le parti de [s]a jeunesse ».
De plus sa mère, Lise Payette, a été ministre lors du premier gouvernement de René Lévesque en 1976. Mme Payette a commencé à travailler pour Radio-Canada au milieu des années 1970. Elle a donc connu les années glorieuses du Parti québécois, en plus d’en couvrir les campagnes électorales et référendaires.
Maintenant qu’elle est devant le micro, elle se dit en « marathon ». Le combat électoral sera féroce. Elle fera face au candidat libéral François Blais, aussi de l’Université Laval, de même que la députée caquiste sortante Denise Trudel.
D’ailleurs, elle en est à sa deuxième campagne électorale : elle a été élue mairesse par acclamation, au village de Lac-Delage, comptant 600 âmes.
Si elle est élue, sa transition se fera sans heurt. Mme Payette n’a « aucune inquiétude », arguant que le maire précédant est sur le conseil de ville. Elle compte rester professeure si elle n’est pas élue.
Spécialiste des médias
Dominique Payette a écrit en 2010 un rapport éponyme sur la situation des journalistes au Québec. Remis au PLQ, le rapport a été rapidement tabletté.
De son rapport, elle « n’[en] changerait, pas une virgule » assure Mme Payette. « Je crois au statut de journaliste professionnel. Mais il faut faire attention aux nuances. Je ne suis pas pour un ordre professionnel comme le rapportaient certains médias anglophones. »
Selon l’approche de Mme Payette, n’importe qui aurait le pouvoir d’écrire librement. Les journalistes professionnels auraient par contre l’autorisation de signer un « JP » à côté de leur nom publié. Ce sigle pour « journaliste professionnel » garantirait l’atteinte d’un seuil vis-à-vis des exigences déontologiques.
Évidemment, c’est à condition qu’elle puisse convaincre ses collègues du bien-fondé d’une telle démarche.
Parmi ses collègues ministrables se trouve notamment Pierre-Karl Péladeau. Il est le propriétaire de Québécor, entreprise médiatique possédant 40 % du spectre de l’information au Québec. Cette proximité entre la presse et le gouvernement est qualifiée d’« explosive » par la Fédération Québécoise des Journalistes du Québec.
Mme Payette ne veut toutefois pas « attaquer l’homme ». Pour celle qui défend les travailleurs de l’information, il en va autrement. « C’est l’industrie qui est en difficulté, particulièrement la presse écrite. Les conditions de travail de toutes les salles de presse de tous les conglomérats se sont détériorées. »
Penser la sociologie jusqu’à en faire
Sociologue de formation, Dominique Payette compte aussi s’attaquer aux situations particulières à son comté.
Malgré la situation économique confortable de la région de Québec, le sort des personnes âgées préoccupe Mme Payette. « 15 % sont sous le seuil du revenu minimum» souligne-t-elle.
La situation des nouvelles familles est aussi dans son optique. « Féministe », elle s’enthousiasme de la présence des CPE : « opportunité pour les femmes », selon elle.
Elle s’étonne aussi du « tissu social très serré ». Elle explique que le comté compte 3000 bénévoles. Pour Mme Payette, il va de soi que « la prospérité et la solidarité vont ensemble ».