La tweetosphère est un petit monde en soi. Tantôt un merveilleux outil de communication, il peut aussi être le lieu de certains dérapages. Le 1er juillet dernier, c’est plutôt la deuxième option qui a été mise au grand jour lorsque le député caquiste de Lévis, Christian Dubé, a émis un gazouilli qui en a fait bondir plusieurs.

par Jérôme Boucher
@JeromeLBoucher

La tweetosphère est un petit monde en soi. Tantôt un merveilleux outil de communication, il peut aussi être le lieu de certains dérapages. Le 1er juillet dernier, c’est plutôt la deuxième option qui a été mise au grand jour lorsque le député caquiste de Lévis, Christian Dubé, a émis un gazouilli qui en a fait bondir plusieurs.

C’est en réponse à un billet de blogue du ministre responsable de la région de Montréal, Jean-François Lisée, que M. Dubé l’a un peu échappé. Ce billet, intitulé «Pourquoi la fête est-elle si triste?», retrace les faits historiques entourant la retenue québécoise face à la fête du 1er juillet. Lisée, toujours très loquace, y explique les évènements entourant l’adhésion du Québec à la confédération canadienne qui est, ma foi, très douteuse.

C’est alors que Dubé entre en scène avec ce gazouilli.

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L’ennui ici, ce n’est certainement pas que M. Dubé exprime sa fierté canadienne ou son attachement à la confédération: c’est son droit, il est parfaitement libre de ses opinions. L’ennui, c’est qu’il oublie le fondement du parti qu’il représente, soit la Coalition Avenir Québec. A-t-il déjà oublié qu’il s’agit d’une coalition entre souverainistes, fédéralistes et autonomistes qui préfère «un ménage» de l’État québécois à une rivalité sur la question nationale?

L’autre ennui, c’est que ce billet date…d’il y a trois ans. Ce n’est pas la réaction la plus rapide qu’on ait vu à un billet de blogue. On peut souligner que M. Lisée l’a lui-même publié de nouveau cette année de son plein gré, mais ce n’est pas du neuf, disons.

Par la suite, M. Dubé s’est expliqué en partageant un lien qui retrace la nature de l’expression «bave de crapeau». Comme s’il avait besoin de le faire ou que les internautes manquaient de culture. En effet, l’expression «la bave du crapeau n’atteint pas la blanche colombe» signifie que les critiques ne vous atteignent pas. «Cette expression date de 1840. À l’époque, la «bave du crapaud» désignait des médisances. Il s’agit de l’image d’un crapaud à l’aspect repoussant dont le jet de bave ne pourra jamais atteindre la colombe belle et pure qui se trouve en hauteur», peut-on lire.

Le problème, c’est que l’explication n’arrange rien et qu’elle dit franchement, de manière tranchante, que les souverainistes ont tort de l’être et que les fédéralistes sont purs telles de blanches colombes. Voilà une belle manière de se faire des amis dans l’aile nationaliste de son parti, n’est-ce pas? L’autre problème, c’est qu’il oublie que son chef, François Legault, a écrit, en 2004, l’ouvrage «Le Courage de Changer: Un projet de pays pour le Québec», essai économique démontrant les avantages du Québec souverain. De toutes évidences, il ne l’a pas lu. Une autre belle caquisterie…

De son côté, M. Lisée n’a pas daigné répondre à cette fronde de M. Dubé. Voyant que les souverainistes de la tweetosphère ont levé bouclier devant lui, il a certainement jugé qu’il n’avait pas besoin de le faire.

Ceci dit, c’est une réaction fort étrange de la part de M. Dubé qui est connu pour être un des parlementaires les plus sympathiques de la législature actuelle. Péquistes comme libéraux ne disent que du bien de lui et la réaction générale à son égard est que pour un néophyte de la politique, il se débrouille particulièrement bien à l’Assemblée nationale.

Serait-ce donc un risque calculé? Comme je le disais plus tôt, la Coalition Avenir Québec regroupe des souverainistes, des autonomistes et des fédéralistes. Pour cette dernière tranche de militants caquistes, les derniers sondages ne doivent pas être très inspirants: Philippe Couillard et le PLQ sont devant, très loin devant, et perdent la CAQ dans la brume sondage après sondage. Il faut donc les garder à bord, éviter de les voir quitter pour le bateau amiral qui semble avoir atteint sa vitesse de croisière. Si tel était le cas et surtout si certain(e)s députés de la CAQ sont inspirés par Philippe Couillard au point de sauter la rambarde et changer de navire, la Coalition prendrait l’eau. Si tel est le cas, on comprend parfaitement pourquoi M. Dubé lance une bouée de sauvetage pour fédéralistes à la mer.

Reste que comme l’a un jour écrit Mme Nathaly Dufour, cheffe intérimaire d’Option nationale au riche passé de blogueuse, c’est ce qui arrive quand notre parti a l’air d’un «buffet chinois» qui, d’un instant attrape-tout, dit oui à tous les types de militants: on ne peut pas servir de tout à toutes les sauces et faire plaisir à tout le monde. Même si on donne les cartes de membres.

Ceci dit, si vous vous demandiez ce que ça prend pour que péquistes, solidaires et nationalistes s’allient et qu’une horde de caribous fasse une «formation motton» sur Twitter, voilà la solution: comparer les souverainistes aux crapauds de la fable, laissez mijoter quelques minutes, servez. Attention, c’est chaud!

NOTE: M. Dubé a diffusé une lettre sur son site, christiandube.ca, après la rédaction de ce billet. Nous vous invitons à la consulter.

Auteur / autrice

  • Jérôme Boucher

    Après un petit parcours dans l'industrie cinématographique, Boucher est retourné sur les bancs d'école pour terminer ses études en économie et en journalisme, à l'Université Laval. Depuis l'automne 2012, il est l'un des animateurs de «La Table d'Hôtes» à CHYZ 94,3FM et blogueur politique pour Impact Campus.

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