Québec se bouge… et ses radios pleurent

Québec, tu m’as surpris deux fois la semaine dernière. D’abord, lorsque ton administration a présenté une refonte majeure du réseau de transport sur ton territoire et ensuite, lorsqu’on a (re)commencé à entendre le bourdonnement des mêmes personnes pour qui tout est toujours trop « vert ».

À travers ce bruit, on entend que Régis Labeaume aurait menti à la population pendant la dernière élection. Le maire sortant avait toutefois promis un réseau structurant – ce qu’il a livré – une fois qu’il aurait reçu l’avis du comité nommé pour évaluer les différentes options. Il a même renié sa propre position vieille de 10 ans de ne pas construire de tramway : la mobilité et l’organisation de la ville dépassant largement – et heureusement – le spectre de l’opinion.

On pourrait aussi ajouter qu’en additionnant les appuis à Labeaume (et son projet structurant) et à Démocratie Québec (qui promettait une refonte encore plus en profondeur du réseau de transport), on obtient environ 70% de la population de la ville. Dans les secteurs centraux, cette proportion passe à 80%, selon les données des plus récentes élections, compilées par district.

Par extension, les tenants du troisième lien demandaient aussi une refonte des axes de transport dans le but de réduire la congestion : selon plusieurs experts, leur solution risque toutefois de ne pas avoir les effets escomptés. À la rigueur, je me réjouis de voir le pouvoir politique mettre son pied à terre devant les quelques grosses pointures de la radio, surtout lorsqu’on réfléchit à l’intérêt premier des radios privées dans l’industrie de l’automobile : leur marché.

L’Université Laval en tête de file

En continuité avec la volonté de se rapprocher de la communauté de Québec énoncée dans son plan stratégique, l’Université Laval a pris les devant en annonçant jeudi qu’elle lancerait l’automne prochain un projet pilote de modification de l’horaire de cours, pour aider à enrayer la congestion routière. La population étudiante se prononcera d’ailleurs à propos de leur adhésion à un laissez-passer universitaire (LPU), collectivisant les coûts du transport en commun en échange de la gratuité du service pour les usager(ère)s.

Il suffit de se rendre au travail en pleine semaine de lecture universitaire pour réaliser qu’une grande partie du problème de congestion provient des étudiant(e)s. Beau hasard, nous serons les premier(e)s bénéficiaires du réseau structurant, qui plus est, advenant l’instauration d’un LPU. C’est en changeant les habitudes de transport à un plus jeune âge qu’on peut espérer une ville avec moins de circulation automobile, à moyen, et surtout, à long-terme

Dans un contexte de transition énergétique, on peut d’ailleurs se réjouir de voir les modes électriques de transport collectif remplacer progressivement les traditionnels moteurs à essence, et que ce projet soit porté par le secteur public et les différentes institutions de la société. Des emplois de qualité émaneront de ces initiatives, amoindrissant les effets de la délocalisation et de la robotisation de la production.

Beaucoup d’enjeux à adresser

Malgré un enthousiasme partagé par plusieurs personnes depuis l’annonce, il sera important de garder l’œil ouvert. D’abord, les coûts – et l’attribution des contrats – seront à surveiller, afin d’éviter d’une part les excédants, et de l’autre, la collusion. Il y aura aussi au minimum deux élections provinciales d’ici la fin des travaux : le financement ne doit pas être laissé au hasard et aux humeurs des personnalités politiques.

On peut par ailleurs anticiper de quoi aura l’air la 1ere avenue à Limoilou au sud de la 18e rue lorsque débuteront les travaux de réaménagement. Idem pour les boulevards René-Lévesque et Laurier. Si on a déjà hâte d’embarquer dans le tramway en 2026, les usagers actuels s’armeront de patience… des ralentissements sont à prévoir.

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