Le 23 février dernier, dans un entretien exclusif avec VIA Rail, le quotidien La Presse relançait les débats concernant le corridor ferroviaire entre Québec et Windsor. Un enjeu important, sur lequel les Québécois se divisent depuis plusieurs années. J’aime dire que le TGV ne signifie pas que grande vitesse et prospérité pour le Québec. La balance pèse lourd des deux côtés, du pour et du contre.
D’emblée, force est effectivement d’admettre que cette infrastructure favorisera l’économie des grandes villes canadiennes comme Toronto et Montréal. Elle permettra une plus grande connectivité urbaine, ce qui engendrera une meilleure circulation des travailleurs et un déplacement plus souple des activités commerciales. Un véritable levier socioéconomique, certes.
Sauf qu’il existe un blocage du côté politique, car la construction d’un train à grande vitesse n’envie pas ceux qui aspirent au pouvoir. Comme les bénéfices ne se feraient sentir que sur le long-terme, aucun élu n’oserait se lancer dans une vague si massive de critiques, à court-terme. Ce n’est qu’une fois que les mentalités sociales se tourneraient vers le train, en délaissant le modèle de l’automobile, que le Québec tirerait des avantages de ce réseau reliant les mégacentres.
On peut aussi remettre en question la pertinence d’un tel moyen de transport dans une province comme celle du Québec, si étendue. Le projet-pilote de Transport 2000 ne comptant que quelques arrêts, il semble impossible, à mon sens, que les habitants de Trois-Rivières, Sherbrooke ou Saguenay, y trouvent leur compte.
Je crois plutôt que le monorail à grande vitesse (MGV) de TrensQuébec, trop souvent négligé dans les médias, comporte plusieurs avantages. Le concept reprend l’idée du moteur-roue, développé par Pierre Couture, ex-ingénieur d’Hydro-Québec, dans les années 90. Le projet coûte moins cher, puisqu’il n’implique pas de travail au sol ou d’aplanissement, comme le demande le TGV.
Le monorail se révèle également mieux adapté au marché québécois. Il est plus flexible et cohabite mieux avec les autoroutes, les passages à niveau et les ponts. Il est complémentaire à nos routes et ne nécessite pas la création de nouvelles voies de circulation. Je crois également que cette option est plus sécuritaire et plus respectueuse de l’environnement.
Par-dessus-tout, le MGV permet la possibilité d’expansion vers les régions et sert bien la réalité du transfert des Québécois vers le train. Pendant que le TGV marque une frontière entre villes et régions, le monorail comprend la dispersion géographique de son territoire. Il s’agit en plus d’une innovation d’ici, que l’État pourrait se plaire à revendre à l’international.
À l’aube de son expansion, je crois sincèrement que le développement ferroviaire est nécessaire et souhaitable pour le Québec. Je ne pense toutefois pas que le TGV serait un bon témoin, comme il l’est un peu partout en Europe, des besoins d’ici.
Peu importe votre point de vue, nous avons tous intérêt à se mobiliser, à une époque où l’électrification des transports devient urgente.