Je me sentais un peu mal de faire beaucoup la fête depuis le début de la session. Pas parce que mon portefeuille est de plus en plus mince et moi de moins en moins, mais parce que mes cahiers de notes commencent à sentir la bière. J’ai donc décidé de m’instruire et d’assister à la Chaire publique de l’AELIÉS sur la charte des valeurs. Au final, probablement que le combat de GSP était plus instructif.
Tout d’abord, les gens invités à débattre en première partie étaient somme toute plutôt pertinents. Un débat qui n’était pas sans rappeller la qualité générale de la Chaire publique. Il est dommage que les deux intervenants en défaveur de la charte étaient des professionnels du savoir, des intellectuels, alors que les deux intervenantes en faveur de la charte tombaient rapidement dans l’anecdote et le « moi là je connais un arabe pis … » Toutes deux semblaient également plus nerveuses. Était-ce par peur d’oublier une de leurs nombreuses anecdotes ou simplement parce qu’elles étaient très impliquées émotivement dans le débat? C’est dur à dire.
En deuxième partie, les panelistes ont cédé la place aux questions, mais surtout aux commentaires de l’assistance. Si ç’avait été un débat sur le nombre de gigawatts exportés par Hydro-Québec, le débat aurait sûrement été plus posé et tranquille, mais dans le dossier de la charte les passions sont rapidement mises à nu et la déferlante de commentaires a vite submergé la modératrice qui peinait à maintenir la concorde.
Des commentaires sans queue ni tête, flirtant souvent avec l’islamophobie et le rejet de l’autre, des gens que les voiles répugnent et d’autres qui trouvent l’athéisme dangereux. Pour l’espace de quelques heures, l’on se serait cru dans une pièce d’Ionesco à l’amphithéatre Hydro-Québec.
Les oreilles de Bernard Drainville silaient-elles mardi passé? Ou alors se frottait-il les mains en pensant au succès inespéré de sa charte dans sa mission de séparer les Québécois?