Dans les derniers jours, on apprenait que d’importantes étapes venaient d’être franchies dans la constitution d’une nouvelle association étudiante nationale. Selon la CADEUL, cette association dispose désormais d’une dénomination publique, « l’Union Étudiante du Québec », d’une structure réfléchie et de « fonds de ressources d’actions sociales ». Malheureusement pour tout le monde, ce qu’il reste à faire, c’est de « développer une identité » à l’Union Étudiante du Québec.
Il me serait particulièrement difficile de décrire ici à quel point il est important de constituer une nouvelle association étudiante nationale au Québec. Il me serait toutefois encore plus difficile d’expliquer le pénible marasme dans lequel semblent s’embourber les maîtres d’œuvre du projet actuel. Après de multiples heures consacrées aux négociations, aux consultations et aux études, il apparaît que l’identité véritable de l’Union Étudiante du Québec demeure le seul et unique mystère irrésolu dans cette complexe et inexplicable opération mathématique qui fera un jour apparaitre une nouvelle association étudiante sur la scène québécoise.
Est-il réellement possible qu’on ait réservé cette question pour la toute fin ? On ouvrira boutique cet automne avec une structure éprouvée et un solide budget. Seulement, on ne saura pas pourquoi.
Ces déclarations de la CADEUL laissent finalement croire qu’on a dédaigné le fond au profit de la forme. Un regroupement politique existe parce qu’il dispose d’une essence, d’une couleur qui lui permet d’être reconnu et d’imposer sa particularité en défendant des projets ciblés au nom d’une idée ou d’un idéal. La pertinence et l’importance d’un tel processus de réflexion ne devraient jamais être sous-évaluées. Dommage qu’on l’ait oublié.
Constatant le vide argumentaire, certains peuvent légitimement se demander pourquoi travaille-t-on à constituer une nouvelle association étudiante nationale. Dans un contexte où on peut observer une véritable crise du financement en éducation, les raisons ne manquent pas, particulièrement pour les associations actives en régions ne disposant actuellement d’aucune tribune. Si le mouvement étudiant québécois veut continuer à s’imposer par sa diversité et la complémentarité de ses forces vives, une nouvelle association se doit d’exister pour et par des principes réfléchis.
En attendant qu’on ait réglé cette ultime et vitale question identitaire, tout porte à croire que les associations adhérentes seront campées dans cette boîte vide potentiellement utile qu’est l’Union, attendant d’être constituées en force sociale et politique par l’identification d’un motif commun. Espérons seulement qu’au moment du référendum, quelqu’un, quelque part, saura nous expliquer « pourquoi ».