Lors de la soirée de remise des Jutras 2015, l’animation de Stéphane Bellavance et Pénélope McQuade était désolante. C’est dit. On pourrait en dire plus, comme, le fait que les « numéros » amenés par ceux qui présentaient les prix étaient (un peu) meilleurs que l’animation. Encore plus scripté que That’s 70’s show et presque moins drôle que la pub de Bélair direct avec Boom Desjardins.
On peut noter le moment où Antoine Pilon (Mommy) et Jean-Carl Boucher (1987) sont venus présenter un prix. Limite baveux dans leurs lignes, on dénotait leur ton amical au travers des insultes comiques qu’ils se lançaient. C’était facile, mais drôle.
Également, les petites piques à Xavier Dolan qui « étaieçt la seule personne qui était certaine de perdre au moins deux fois », étant en compétition avec lui-même à deux reprises. Il l’a ri. C’était drôle. C’est ça qu’on fait quand c’est drôle.
C’est aussi ça qu’a fait Alejandro González Iñárritu quand Sean Penn lui a lancé, avant d’annoncer son Oscar du meilleur film (un des nombreux qu’il a gagnés, ce soir-là).
« Who gave that son of a bitch his green card ? », qu’il a dit sur scène une fraction de seconde avant de nommer son ami, de le serrer dans ses bras sur scène et de lui remettre son prix.
Questionné par les médias par la suite sur le sens de ses paroles blessantes pour le roi consacré de la 87e soirée des Oscars, il a déblatéré sur la stupidité des gens. Stupidité ambiante. Qui mérite de la citer : « Je crois que lorsque vous trouvez votre identité dans des pensées ou courants fondamentalistes en quête d’un ennemi commun, il y a de bonnes chances pour que vous passiez à côté de toute ironie, et que vous deveniez un individu ou un groupe d’individus stupides. »
Il a terminé ainsi en s’expliquant un peu mieux pour être certain que ceux qu’il traitait d’imbéciles en pleine face comprennent : « Selon moi, quand quelqu’un d’aussi spécial qu’Alejandro réalise un film aussi spécial que Birdman, s’il a un ami sur scène, il se peut que cet ami ait envie de lui faire savoir, à lui seul pendant un court moment, avant de l’annoncer à toute la salle, qu’il a gagné. J’ai voulu qu’il sache et il a su, et c’est à lui que je parlais. Alors je n’ai rien à foutre de tout ça. Je continue à espérer plus d’intelligence ».
Peut-être que les journalistes-pouliches de L.A. auront compris… ou pas.
Probablement pas, parce que le journalisme (ou ce qu’on ose appeler ainsi) est dicté par une seule odeur, celle du scoop, de la nouvelle nouvelle. Même créée de toutes pièces, en partie ou véridique, le scoop a une odeur de biscuit au chocolat qui viendrait à bout de n’importe quel régime. La stupidité avec laquelle on traite des sujets comme celui du Joël-Gate où même celui de l’« humiliation » (notez les guillemets, de grâce!) de Xavier Dolan prouve que nombre d’entre nous ne méritent souvent pas de se nommer journalistes.
Et qu’on ne nous parle pas de notre pseudo-haine des médias de Quebecor, c’est trop facile.