Il y a présentement deux classes de députés à l’Assemblée nationale : ceux qui travaillent… et ceux qui les regardent travailler.

Voirie parlementaire

Il y a présentement deux classes de députés à l’Assemblée nationale : ceux qui travaillent… et ceux qui les regardent travailler.

J’entends déjà les cris révoltés de cette deuxième classe qui lirait ceci et qui dirait : « Je travaille fort pour mes citoyens, je suis un député dévoué et suis fier de les représenter. »  Oui, bien sûr, lorsqu’ils retournent dans leur circonscription, cette distinction disparaît. Mais à l’Assemblée nationale, il y a vraiment ce phénomène des deux classes d’élus.

Soyons clairs, ce n’est pas que cette  « deuxième classe » ne veuille pas faire d’efforts, mais plutôt que leurs « entraîneurs » les laissent sur le banc. Vous n’avez qu’à regarder la diffusion d’une commission parlementaire pour vous en rendre compte.

Inévitablement, ce sont toujours les mêmes députés qui prennent la parole. Pour le parti au gouvernement, ce sera les ministres, et pour les partis de l’opposition, il y a des porte-paroles et des critiques attitrés à chaque sujet, formant une sorte de

cabinet fantôme.

Pourtant, ce ne devrait pas nécessairement être ainsi et la source du problème est simple : le quorum. En ce moment, il est exigé qu’un nombre minimal de députés soit présents en commission parlementaire même s’il est très clair que ceux-ci n’interviendront pas. En baissant le quorum des députés en commission, il serait possible de les libérer pour qu’ils puissent faire quelque chose de plus pertinent de leur temps.

Un exemple de ce que ce « pertinent » pourrait être: dans quelques mois, le Québec ira de l’avant avec son projet d’aide médicale à mourir pour certains malades en phase terminale. Cette politique très innovatrice sort d’une commission spéciale justement mise sur pied et occupée par ces députés à qui on demande actuellement de « remplir la salle. »

Ce genre de commission spéciale est normalement cité par tous comme l’exemple d’une collaboration où il est difficile de dire quels députés appartiennent à quel parti tellement elles deviennent un milieu de travail productif qui dépasse
la partisanerie.

Ces commissions spéciales, il faudrait en faire trois par année au lieu d’une aux trois ans et permettre à ces députés à qui on fait actuellement perdre le temps d’en être les acteurs principaux.

Je ne vois pas comment un élu peut se sentir valorisé dans son travail quand il sait en arrivant le matin qu’on lui demandera de jouer le rôle de figurant. Pire encore, je ne vois pas pourquoi on demande à un si grand nombre de nos élus de jouer un rôle de second plan.

À essayer de toujours vouloir pousser plus loin ce dont le Québec a besoin en politique, les partis passent souvent à côté d’éléments essentiels qui pourraient pourtant faire toute la différence. On pourrait les comparer à des designers qui se chicanent sur la peinture du salon alors qu’il y a des problèmes de plomberies.

Le Québec a beaucoup à faire dans les prochaines années et on a besoin de tous nos joueurs sur la glace, même les plombiers, pour avancer. Arrêtons de laisser la moitié de l’équipe sur le banc.

Rosalie Readman

 

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