Un nouveau virus, de nouveaux défis?

Le virus H1N1, populairement appelé «grippe mexicaine», traine un bagage génétique différent de celui de l’influenza. Alors que la «grippe saisonnière» s’organise génétiquement en huit segments du même virus, celui de la grippe porcine constitue en fait un croisement entre les souches ancêtres des virus aviaires et porcins. Un nouveau type de virus émerge alors.

Résistant aux antiviraux que sont l’amantadine, mais sensible à la neuraminidase, le virus H1N1 présente une résistance jusqu’à présent inusitée aux traitements antigrippaux conventionnels. Le conférencier Gaston De Serres se préoccupe, de ce fait, du potentiel de propagation de la maladie. «Il est difficile de prédire l’évolution du virus, car il est presque impossible de moduler la fréquence des voyages», souligne-t-il. «La pandémie a atteint la phase 5 [au début du mois de mai] en provoquant des cas d’infection importants, mais la transmission interhumaine est jusqu’à présent localisée», nuance le conférencier. «Bien que le virus ne soit pas pleinement transmissible, celui-ci s’adapte de plus en plus aux humains. Le risque de pandémie demeure donc important», conclue M. De Serres.

On pourrait par ailleurs établir une relation de cause à effet entre l’âge des personnes que touche le virus, en relatant l’événement de grippe porcine survenu en 1957. La population plus âgée serait en ce sens protégée par les anticorps alors développés, mais la menace actuelle réside toutefois dans la mutation imprévue et possible du virus qui pourrait accroitre sa virulence à toute la population.

Détection et diagnostic
La professeure associée à la faculté de médecine de l’Université Laval et chef de projets au laboratoire de Guy Boivin, Marie-Ève Hamelin, indique que le Centre hospitalier universitaire de Québec (CHUQ-CHUL) a jusqu’à présent testé une vingtaine de spécimens respiratoires considérés comme «suspects». Comme dans la majorité des cas, «la vingtaine de résidents de la région de Québec présentant des symptômes de grippe porcine revenaient d’un voyage au Mexique ou avaient côtoyé des proches qui y étaient allés», précise Mme Hamelin. Elle conclut en soulignant l’appui du CHUQ-CHUL au Laboratoire de santé public, alors que Centre hospitalier universitaire a déjà permis le diagnostic positif de deux des cas suspects.

Antiviraux et vaccins 
Développer un vaccin efficace nécessite de quatre à six mois de recherches pour isoler le virus; cela sans compter la production et la distribution du traitement à travers la population. L’antiviral Tamiflu, que distribue notamment la compagnie pharmaceutique québecoise Roche, est tout ce dont dispose actuellement l’Organisation mondiale de la santé dans sa lutte contre le virus. Alors que la compagnie s’affaire actuellement à la production supplémentaire du Tamiflu, on estime «qu’environ 300 millions de traitements ont été pris en charge par les gouvernements dans le monde, dans l’éventualité d’une pandémie», explique une représentante de Roche. Pour rappel, Roche a donné un total de cinq millions de Tamiflu au World Health Organisation (WHO) en 2005 et en 2006. La WHO distribue maintenant ces stocks de Tamiflu aux pays en voie de développement dans le besoin le plus urgent.

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