La société canadienne du cancer ( SCC ) a annoncé qu’elle verserait 2,3 M $ à trois équipes de chercheurs québécois. Cette subvention contribuera à la mise au point de vaccins contre plusieurs cancers élaborés par des chercheurs de Québec et de Montréal.
Pierre-Olivier Forget
Grand potentiel
Actuellement, l’avenue empruntée par les chercheurs québécois dans la lutte contre le cancer présente un grand potentiel. Dans l’optique que les vaccins contre le cancer n’ont pas comme ultime but de le prévenir, mais bien de le guérir et d’éviter sa récidive, les chercheurs de Québec et de Montréal explorent présentement les voies prometteuses de l’immunothérapie. Cette stratégie vise à stimuler le système immunitaire afin que les cellules cancéreuses parviennent plus difficilement à le déjouer. Grâce à la subvention de 2,3 M $ de la SCC, le Dr Fradet, de l’Université Laval, le Dr Perreault, de l’Université de Montréal et le Dr Tremblay, de l’Université McGill, seront en mesure d’approfondir et de concrétiser leurs recherches contre le cancer.
Concrètement
Ici, à Québec, le Dr Yves Fradet et son équipe se concentrent présentement à améliorer l’application de l’immunothérapie au cancer de la vessie. Il existe déjà, aujourd’hui, une forme très simple d’immunothérapie offerte en clinique pour traiter ce type de cancer. Le traitement standard consiste à injecter, dans la vessie, des bactéries affaiblies. Cependant, comme l’indique le Dr Fradet, ce procédé « est trop rudimentaire ». La réaction immunitaire initiée par ce traitement ne s’attaque pas spécifiquement aux cellules cancéreuses, en plus de ne pas les mémoriser. Conséquemment, les cellules immunitaires ne peuvent pas reconnaître les cellules cancéreuses et intervenir en cas de récidive.
Grâce au million de dollars de la SCC, l’équipe du Dr Fradet entretient l’ambition de créer un vaccin contenant des protéines de tumeurs. Ce vaccin permettrait aux cellules immunitaires de mémoriser les cellules cancéreuses afin d’agir immédiatement si la tumeur se reformait. Il est à noter que les cancers de la vessie sont connus pour leurs grands nombres de récidives. « C’est un contrat à vie », explique le Dr Fradet. La création d’un vaccin de la sorte constituerait donc une avancée majeure.
À Montréal, la subvention de la SCC viendra soutenir les recherches du Dr Perreault et du Dr Tremblay. Le premier, de l’UdeM, a trouvé un moyen d’éduquer les cellules immunitaires. Lui et son équipe ont d’abord prélevé des cellules immunitaires T mémoire en laboratoire pour ensuite les entraîner à mémoriser les cellules typiques du cancer. Sa méthode ayant fait ses preuves sur des souris, Dr Perreault espère, grâce à une contribution de 1,1 M $, pouvoir l’adapter à l’humain.
La troisième équipe de chercheurs, celle du Dr Tremblay de McGill, a réalisé une découverte qui pourrait être un complément à celle du Dr Perreault. En inhibant un gène des cellules immunitaires T mémoire, ces dernières se mettent à se multiplier en grand nombre. Grâce à cette découverte, les cellules pourraient donc attaquer les tumeurs en masse une fois injectées dans un patient atteint du cancer.
Première cause de mortalité au Canada
Depuis 2007, le cancer a surpassé les maladies cardiovasculaires pour grimper au sommet du palmarès des causes de décès au Canada. La SCC estime qu’au cours de leur vie, « deux personnes sur cinq au pays seront atteintes d’un cancer ». Malgré ce sombre bilan, la Société canadienne du cancer soutient qu’aujourd’hui, il est possible de contrôler un nombre grandissant de cancers grâce à un diagnostic rapide et à des traitements de plus en plus efficaces. Elle tient aussi à rappeler que, malgré le fait que le cancer peut frapper n’importe qui, la moitié des cas répertoriés auraient pu être évités, notamment par l’adoption d’habitudes de vie saines et par l’élaboration de politiques visant la protection de la santé de la population.