À l’occasion de la journée internationale du sommeil qui avait lieu vendredi dernier, Impact Campus s’est entretenu avec la professeur titulaire à l’École de psychologie de l’Université Laval, Annie Vallières, afin d’en apprendre davantage sur cette période de la journée, dont les vertus sont souvent sous-estimées.
1. Comment la population perçoit-elle le sommeil?
« J’ai un étudiant qui étudie les aspects socioculturels chez les Québécois. Il y a un côté qui tend à penser que le sommeil est une perte de temps et qu’il faut être productif. Si j’ai à couper sur quelque chose, c’est le sommeil. Mais les Québécois, on a aussi un côté hédoniste. Ça fait du bien dormir, ça me fait plaisir. Il y a un côté confort au sommeil, ce qui ne se retrouve pas nécessairement dans toutes les sociétés. On va avoir tendance à couper le sommeil parce qu’on est dans une société où on a accès à plein de choses 24h sur 24. Le sommeil, pourtant, c’est super important. C’est la santé. Si on veut avoir une santé durable, c’est nécessaire de bien dormir. La privation de sommeil a des conséquences importantes sur la santé physique et mentale. »
2. Quand doit-on s’inquiéter des répercussions du manque de sommeil?
« Il y a une différence entre quelqu’un qui se prive une fois de sommeil parce qu’il va à une fête et quelqu’un qui est chroniquement en privation de sommeil ou qui a un trouble de sommeil et qui ne reçoit pas de traitement. Quand on a de la difficulté à dormir, ou encore, qu’on pense qu’on dort bien, mais qu’on s’endort tout le temps durant le jour, ce n’est pas normal. C’est bien d’aller parler avec quelqu’un. Il me semble que je suis somnolent. Je m’en vais à mes cours et même s’il est stimulant, je m’endors. Si cela arrive, c’est important d’aller consulter. Si la personne sait qu’elle ne dort pas bien, souvent elle croit qu’on n’y peut rien. Souvent, elles ne veulent pas prendre de médicament donc elles ne vont pas consulter. Mais, il y a quelque chose d’autre à faire et ça fonctionne très bien. Évaluer le problème est une étape importante. »
3. Qu’est-ce qu’une nuit idéale?
« La nuit idéale n’existe pas. Plus on cherche la perfection, moins on la trouve. C’est comme un chat qui court après sa queue. Mais un sommeil récupérateur, c’est de dormir de façon régulière, à peu près le même nombre d’heures et que le jour, je ne suis pas somnolent. Quand je suis capable de fonctionner, j’ai pas mal trouvé le bon nombre d’heures. Si hier j’ai dormi quatre heures et que cette nuit j’en dors dix, je crois que j’ai bien dormi, mais c’est seulement parce que je manque de sommeil. Je ne peux pas dire que le nombre d’heures que je dors détermine si j’ai bien dormi ou pas, ce n’est souvent que le reflet de la veille. »
4. Quel est le pire ennemi du sommeil?
« Le pire ennemi du sommeil, c’est ce qui génère l’activation cognitive. Si je vais me coucher avec la tête super active et que je pense trop, je vais mal dormir. Tout ce qui augmente l’activation : le iPad, le iPhone, étudier. Le problème avec les écrans, c’est la lumière. Cela va freiner la mélatonine. Qu’est-ce qui se passe? Je me réveille. Où? Dans mon lit, dans ma tête. Un café et du chocolat, je m’en vais me coucher. Ça ne marche pas. Il faut que j’arrive à diminuer tout ce qui bouge dans ma tête. »
5. Quel conseil donnez-vous à un étudiant en période d’examens?
« Dormir favorise l’apprentissage. Le conseil, c’est d’étudier, pas dans son lit, d’arrêter et de prendre une heure avant d’aller se coucher. Si je décide d’aller me coucher plus tard, vers 2h, il faudrait que vers 1h j’arrête d’étudier et que je me change les idées. Sinon, je vais aller me coucher avec une activation mentale. Sur quoi? Sur ce que je viens d’étudier, en ayant en tête mon examen de demain ou l’autre d’après qui s’en vient. Je vais avoir un sommeil plus léger, plus fragile. Pour éviter ça, il faut une période tampon avant d’aller se coucher. Je vais peut-être dormir une heure de moins, mais mon sommeil va être beaucoup plus réparateur. Toutefois, cette période-là doit être importante. Je ne dois pas dormir trois heures et aller à mon examen. Je vais manquer d’attention. Il est important de dormir parce que ça va m’aider à intégrer ce que je viens d’étudier. »