Avec l’annonce de la fermeture de Gentilly-2, une controverse a refait surface. Est-ce plus avantageux de fermer la centrale et la démanteler ou la garder active ?
Catherine Gilbert
Au Canada, il existe 18 réacteurs nucléaires répartis dans cinq centrales productrices d’électricité et dans huit qui sont utilisées dans la recherche scientifique. Gentilly-2 sera la première centrale à fermer ses portes au pays. Suite à cet arrêt de production, un démantèlement en trois étapes commencera. Le niveau 1 consiste à la mise à l’arrêt définitif. Durant cette étape, le combustible du réacteur nucléaire et l’eau passant dans le circuit seront entreposés pendant deux ans dans une piscine de désactivation pour diminuer les irradiations. Le niveau 2 correspond au démantèlement partiel. Tous les bâtiments, autres que celui abritant le réacteur, seront décontaminés et détruits. Finalement, le niveau 3 est le démantèlement total du bâtiment où se trouve le réacteur. Toutes ces étapes prennent énormément de temps puisque les travailleurs doivent prendre des précautions face aux irradiations du site et doivent faire attention pour ne pas contaminer davantage le terrain.
Coûts
Selon Hydro-Québec, la centrale de Bécancour fournit 675 mégawatts (MW), soit environ 2 % de la puissance de son réseau. Le reste est tiré des centrales hydro-électriques et des centrales thermiques. En arrêtant la centrale, Hydro-Québec ne perdra pas beaucoup de puissance, mais le démantèlement de la centrale coûtera cher.
En effet, plusieurs centrales dans le monde ont déjà été démantelées. Aux États-Unis, la Nuclear Regulatory Commission (NRC) évalue le coût du démantèlement à 300 millions de dollars par centrale nucléaire. Chez nos cousins français, le coût du démantèlement de la centrale de Brennilis a été estimé à 482 millions d’euros. Puis en Allemagne, la centrale nucléaire de Niederaichbach, un réacteur à eau lourde d’une puissance de 100 MW, a été arrêtée après 18 mois d’essais. Elle a été totalement démantelée pour un coût d’environ 90 millions d’euros.
Impacts environnementales
«La planète a pris conscience des dures réalités de l’ère nucléaire en novembre 2 000, lorsqu’elle a reconnu l’énergie nucléaire comme une technologie sale, dangereuse et inutile en refusant de lui accorder des crédits d’émission de gaz à effet de serre lors de la conférence de l’ONU sur les changements climatiques à La Haye. Un autre coup a été porté à l’énergie nucléaire en avril 2001, lorsque l’ONU a refusé de désigner le nucléaire comme étant une technologie durable lors d’une conférence sur le développement durable», remarque l’ONG Greenpeace. Les compagnies d’assurance refusent d’assurer les centrales nucléaires et les gouvernements doivent créer des lois spéciales pour les protéger financièrement en cas d’une fusion du cœur d’un réacteur. De plus, il n’existe aucune technologie pour éliminer les radiations produites lors de l’exploitation de la centrale.