Invasion de coccinelles à Québec

Avez-vous remarqué ces petites bibittes qui envahissent nos appartements depuis quelques semaines ? Personnellement, je suis allé au Spa cette semaine pour fêter la mi-session, et les huttes de relaxation étaient infestées. Forcément, je me suis demandé ; pourquoi sont-elles parmi nous ?

Par Léon Bodier, journaliste multiplateforme

La coccinelle asiatique, aussi appelée Harmonia axyridis, vient de Chine, du Japon et de Sibérie. Elle a fait son entrée en Louisiane (USA) dans les années 60 (même si ce n’est qu’en 1988 que l’acclimatation a été notée) pour aider à contrôler les pucerons, son plat préféré ! C’est à partir de 1994 qu’on commence à la repérer au Québec et depuis, elle fait partie de notre paysage automnal.

Pourquoi la voit-on à cette période ?

Chaque année, on assiste à ces « invasions » automnales de coccinelles asiatiques. Contrairement aux coccinelles locales qui se cachent au pied des arbres pour hiberner, celles-ci préfèrent nos salons bien douillets !

En 2021 et 2022, les journalistes de Radio-Canada ont consécutivement noté leur prolifération vers le début octobre, ce qui coïncide avec « l’été indien » à Québec : « une période ensoleillée et aux températures douces pour la saison, après les premières gelées de l’automne et juste avant l’hiver. » Cette année, on les voit encore à la fin du mois et pour cause : l’été indien a joué les prolongations ! Après quelques refroidissements, les températures sont remontées jusqu’à 26°C ce mercredi, poussant ces coccinelles à sortir en masse.

Mais, si ces petites bestioles adorent les pucerons en été, elles ne résistent pas à nos hivers rigoureux, ce qui explique pourquoi, dès que le mercure redescendra ce weekend, elles se précipiteront à nouveau à l’intérieur pour rester bien au chaud. Ne survivant pas en dessous de -20°C, leur seule motivation : échapper au froid et se trouver un nid douillet chez vous où passer l’hiver.

Les dangers ?

Malgré leur apparence inoffensive, ces coccinelles ne sont pas sans poser de problème. Elles sont invasives et nuisent à l’équilibre écologique en rivalisant avec nos coccinelles locales pour la nourriture et l’espace. Très peu de prédateurs, de parasites ou encore de micro-organismes sont en mesure d’attaquer la coccinelle asiatique. Pire encore, elles sont cannibales et n’hésitent pas à dévorer les larves de leurs cousines québécoises.

Heureusement, elles ne sont pas dangereuses pour les humains. Elles peuvent mordre, mais ne piquent pas. Leur véritable atout défensif ? Elles sécrètent un liquide malodorant qui peut tacher les surfaces poreuses, un désagrément, surtout quand elles se réfugient en masse chez nous.

Les meilleurs moyens de s’en débarrasser passivement :

  • Calfeutrez les trous et les fissures sur les façades les plus exposées au soleil.
  • Gardez les moustiquaires des portes et des fenêtres en bon état.
  • Dotez les conduits et les évents extérieurs de clapets ou de grillages appropriés.
  • Vérifiez l’étanchéité des cadres de porte.

Comment la distingué des espèces indigènes ?

 

Facilement confondue avec la coccinelle à neuf points (une espèce locale), la coccinelle asiatique est beaucoup plus grosse, pouvant atteindre 1 cm. Sa couleur va du rouge au noir, en passant par l’orange, et elle arbore sur son thorax un motif rappelant une patte de chat ! Très prolifique, une seule femelle peut pondre jusqu’à une centaine d’œufs par an.

 

En résumé

La coccinelle asiatique est un visiteur annuel un peu envahissant, mais plutôt inoffensif. Bien qu’elle joue un rôle bénéfique en dévorant des pucerons, et en protégeant ainsi les vergers, son côté cannibale et sa compétitivité envers les espèces locales font d’elle une menace pour la biodiversité.

Apparemment, il n’y a pas que dans Jurassic World Dominion (2022, Trevorrow) que les insectes menacent le fragile équilibre planétaire. Une nouvelle fois, l’humain, en essayant d’intervenir sur la nature en introduisant cette espèce, a contribué à un déséquilibre irréversible… Au moins, elles sont cutes !

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