Le miracle du dichloroacétate (DCA) réside dans sa capacité à réactiver les mitochondries, compartiment donnant l’énergie à la cellule, inactives dans la majorité des cellules cancéreuses. Ces usines à énergie possèdent aussi la capacité de faire «mourir» leur propre cellule, phénomène appelé apoptose. Cela se produit uniquement lorsque la cellule devient endommagée (comme une cellule cancéreuse) ou lorsqu’elle ne peut plus remplir ses fonctions primaires; elle décide alors de s’autodétruire. L’apoptose est un mécanisme rigoureusement régulé dans toutes nos cellules et le cancer est particulièrement vicieux par son habilité à la contourner avec l’inactivation des mitochondries. En les réactivant, le DCA active le signal de détresse dans la cellule tumorale, celles-ci s’autodétruisent alors de manière inoffensive pour le reste de l’organisme.
Le DCA est un médicament qui est utilisé depuis très longtemps pour traiter l’hypertension pulmonaire. Ce qui en fait un médicament non breveté. Il ne rapporte donc pas énormément aux entreprises pharmaceutiques puisque personne ne peut posséder le monopole de sa production. Cela pose des problèmes au niveau financier. Le Dr Michelakis craint la difficulté à trouver un financement auprès d’investisseurs privés pour soumettre le DCA à des essais cliniques.
Une étude clinique prometteuse
Malgré cela, le chercheur a tout de même réussi, en collaboration avec les services de santé albertains, à procéder à l’unique étude clinique de phase II sur l’utilisation du DCA contre le cancer. Cette dernière, menée sur cinq personnes souffrant d’un glioblastome (tumeur du cerveau), a été concluante : l’état de quatre patients sur cinq s’est stabilisé sur une durée de quinze mois de traitement. Certains effets secondaires, telles des dysfonctions neuronales, ont été remarqués à forte dose de DCA seulement. De plus, le Dr Bonnet commente que le «DCA n’a aucun effet sur les cellules saines alors qu’actuellement les médicaments ne sont pas capables de les différencier des cellules cancéreuses»
Le Dr Michelakis rajoute «qu’avec le petit nombre de patients dans notre étude, aucune conclusion ferme sur le DCA […] ne peut être faite. Notre travail nécessite plusieurs études qui mettront l’accent sur la combinaison entre le DCA et d’autres traitements.» Actuellement, plusieurs études cliniques de phase I et II sont en période de recrutement au Canada et aux États-Unis. Selon le site ClinicalTrials.gov, des résultats devraient être disponibles d’ici 2012-2013.
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