Le fonds de recherche du Québec a remis ses bourses du mois de janvier 2015 dans ses différentes catégories. Parmi les lauréats, un étudiant au doctorat en biologie de l’Université Laval, Mathieu Ardyna. Il est primé pour son article intitulé « Recent Arctic Ocean sea-ice loss triggers novel fall phytoplankton blooms ».
Mathieu Massé
Mathieu Ardyna explique que l’idée de son article vient de sa maîtrise, alors que des floraisons automnales avaient été observées dans le cercle Arctique lorsqu’il était à bord de l’Amundsen. « Dans une année, on a constaté des explosions de la croissance des algues. En Arctique, on a souvent l’occurrence d’un seul bloom, au printemps », pose le doctorant en biologie.
Pour le jeune chercheur, l’idée était de trouver les raisons de ce changement dans la phénologie du phytoplancton, c’est-à-dire la variation que les climats font subir à la floraison des végétaux. « C’était vraiment ça l’idée, voir qu’il y avait un changement dans la phénologie et essayer de le comprendre », se rappelle M. Ardyna.
Dans le cas des phytoplanctons, une seule floraison avait normalement lieu dans les endroits observés, car ils sont couverts de glace une fois l’automne arrivé. Le chercheur s’est donc interessé à la variable environnementale. La période où la glace est présente varie et influe directement sur la floraison en question. Toutefois, ce facteur n’était pas suffisant pour expliquer le phénomène : « Ce n’était pas simplement le fait qu’il y ait de moins en moins de glace qui pouvait expliquer un second bloom, il fallait qu’il y ait un autre facteur », raconte l’étudiant-chercheur.
« Ce qui se passe souvent, c’est qu’on a un bloom printanier. Puis, il n’y a plus de nutriments en surface, car ils sont complètement exploités par cette première floraison alguale. Souvent, en fin de saison, il y a des brassages physiques qui permettent de casser ces stratifications verticales pour renouveler les nutriments en surface», réussit à vulgariser M. Ardyna. Puis, ce phénomène, ils l’ont finalement trouvé dans le vent. En effet, en mettant en relations l’augmentation des tempêtes automnales et le retard de la prise des glaces, la corrélation était pratiquement parfaite pour expliquer la deuxième floraison.
Conséquences ?
Questionné au sujet des conséquences de cette deuxième floraison, M. Ardyna explique que, de par les recherches qu’il a menées jusqu’à présent, il ne peut élaborer que des hypothèses. Il estime que les principales répercussions du phénomène affecteront la chaîne alimentaire dans l’Arctique. « Au départ, tout est basé sur un seul bloom. Par conséquent, le deuxième bloom risque de décaler tous les autres échelons de la chaîne alimentaire », énonce-t-il.