Deux chercheurs ont publié la semaine dernière une méta-analyse portant sur l’utilisation du LSD comme traitement contre l’alcoolisme. Une étude sur le sujet révèle que la substance serait efficace pour vaincre la dépendance à l’alcool.
André-Philippe Drapeau Picard
Synthétisée par les suisses Albert Hofmann et Arthur Stoll en 1938 et popularisée dans les années 1960, l’acide lysergique diéthylamide, ou LSD, a fait l’objet de nombreuses études relatives à ses effets sur le corps humain. Bien qu’il soit maintenant considéré comme psychotrope dans la Convention sur les substances psychotropes de 1971 de l’ONU, des chercheurs de différents pays s’intéressent toujours à ses usages thérapeutiques.
C’est notamment le cas de Teri Krebs et de Pål Ørjan Johansen, qui ont récemment publié une méta-analyse sur l’efficacité du LSD pour traiter l’alcoolisme. Les deux auteurs se sont penchés sur six projets menés de 1966 à 1970 par différents scientifiques. Ces études, qui regroupent au total 536 individus aux prises avec des problèmes d’abus d’alcool, ont été faites avec répartition aléatoire en double aveugle. C’est-à-dire qu’il y a certains patients auxquels on a administré un traitement contenant du LSD, et d’autres auxquels on a donné un placebo n’en contenant pas. Ni les participants de l’expérience, ni les scientifiques ne savaient ce qui était administré au moment de la prise, d’où le «double aveugle».
Les résultats de la méta-analyse ont surpris Krebs et Johansen. Leurs tests statistiques montrent que 59% des personnes ayant reçu une dose de LSD ont vu leurs abus d’alcool diminuer dans les mois qui ont suivi la prise, contre 38% des personnes qui n’ont reçu que le placebo. Il n’y a pas encore d’explication biochimique complète à ces résultats.
On sait toutefois que le LSD interagit avec certains récepteurs auxquels se lie normalement la sérotonine, et qui sont reliés à l’humeur, la mémoire et le plaisir.
Certains auteurs des études à l’analyse mentionnent d’ailleurs que le LSD a provoqué chez plusieurs patients une «introspection significative dans leurs problèmes» et la sensation de «se faire donner un nouveau souffle». D’autres parlent aussi, en relatant des témoignages de leurs patients, d’«une vision plus positive, optimiste de leur capacité à faire face aux problèmes futurs».
Il est intéressant de noter que ces observations sur l’état d’esprit des patients suite à une expérience avec le LSD, sont similaires aux effets engendrés par d’autres substances psychédéliques comme la mescaline, la psilocybine, contenue notamment dans les champignons hallucinogènes, et le diméthyltryptamine retrouvé par exemple dans l’ayahuasca, un breuvage à base de lianes consommé traditionnellement par les chamanes et indiens d’Amazonie. Ces dernières font elles aussi l’objet de présentes recherches portant par exemple sur leurs effets sur diverses dépendances.
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