Cet automne, une unité mobile circule sur le campus lavallois afin de sensibiliser la communauté universitaire aux avantages et bénéfices de la méditation pleine conscience. Impact Campus s’est prêté au jeu et à mis à l’épreuve cette initiative mise sur pied par Mon Équilibre UL.
Un certain midi, au PEPS de l’Université Laval.
– « Ferme les yeux et concentre-toi sur ta respiration », intime Laurie Vanhoutte, étudiante au baccalauréat en psychologie.
J’obéis à ses ordres. La gymnastique mentale est périlleuse : mon attention se porte tantôt sur les bruits environnants, tantôt sur mon ventre qui gargouille, en passant par la pile de dossiers à abattre qui s’accumule sur mon bureau. Quand j’arrive à me fixer sur mon diaphragme se contracte et se relâche, ce n’est que pour quelques courtes secondes.
– « Maintenant, prend cet objet dans tes mains. » Elle me passe une plume. « Porte toute ton attention sur ce dernier, manipule-le, sens chacune de ses subtilités. »
Bizarre. Les quelques secondes – ou était-ce des minutes ? – que dure l’exercice sont apaisantes. J’arrive finalement à prendre une distance avec mes pensées et mes émotions. Je constate alors que ce que je prenais pour de la faim est en fait du stress. Une grosse boule de stress qui me pèse lorsque j’anticipe mon futur plus ou moins immédiat.
J’ouvre les yeux. Laurie me demande de lui décrire comment je me sens. Vous m’excuserez : je n’ai pas noté ma réponse qui, me semble-t-il, était plutôt brouillonne. Avec le recul, tout ce que je sais, c’est que c’était rafraîchissant, comme une grosse bouffée d’air frais après des heures passées en réclusion. Vous avez dit « être dans le moment présent » ? Tout à fait.
Aux origines d’un concept
Cette initiation sur le pouce à la méditation, c’est à l’unité mobile de Mon Équilibre UL qu’on la doit. Pendant toute la session d’automne, une petite brigade d’intervenants constituée d’étudiants en psychologie circule d’un pavillon à l’autre. Armés d’un chariot contenant l’ensemble de leurs outils, ils font découvrir cette pratique d’origine bouddhiste à la communauté universitaire.
Pourquoi la méditation pleine conscience ? « Parce que ça l’existe depuis 2500 ans ! », répond du tac au tac Charles Baron, professeur agrégé au département de management. En plus de participer au programme Complexité, conscience et gestion, dans lequel les cadres supérieurs y sont initiés, ce dernier enseigne la méditation à ses étudiants.
Il n’est pas le seul : des cours d’introduction à la pleine conscience sont désormais obligatoires pour tous les étudiants en médecine de l’Université de Montréal et de l’Université McGill, peut-on lire dans la documentation fournie par Mon Équilibre UL. Même chose chez les athlètes, chez qui cette pratique connaît aussi du succès.
« Depuis 10-15 ans, cette pratique gagne en popularité, entre autres grâce aux travaux du chercheur Jon Kabat-Zin de l’Université du Massachussetts, explique celui qui se qualifie d’intarissable sur le sujet. Il a surtout étudié des clientèles qui étaient des cas perdus pour la médecine, comme les fibromyalgiques. Chez ces derniers, la méditation de pleine conscience aide à vaincre la résistance associée à l’expérience de souffrance continuelle, à accueillir la douleur plutôt qu’à la subir. »
La résistance est un concept central en pleine conscience. Elle se forme quand nous portons des jugements sur une situation et que nos pensées en sont ensuite teintées. Le problème, c’est que nous nous identifions à nos pensées. « La méditation sert à prendre conscience de ce mécanisme qui se déroule à notre insu. Nous n’avons pas de contrôle sur nos pensées, mais nous en avons sur la manière de les accueillir », fait valoir Charles Baron.
Hyperdistraction
La méditation vise donc à sortir du pilote automatique. Concrètement, qu’est-ce que cela signifie ? Prenons votre téléphone intelligent. Lorsqu’il vibre, clignote ou gazouille, vous vous précipitez dessus, vous coupant ainsi du reste du monde, mais, surtout, de vous-même. Pire encore : même quand il est inactif, vous y êtes toujours un peu attentif. Autrement dit, vous n’êtes jamais vraiment présent dans le ici et maintenant. Vous souffrez d’hyperdistraction.
La méditation combat cet éparpillement. « La raison pour laquelle on la pratique, c’est pas pour les trente minutes que ça dure, mais bien pour les 23 heures et 30 minutes où l’on vit ! », illustre Charles Baron. Il voit dans cet entraînement de l’esprit un moyen simple de « garder contact avec soi », « d’affiner son attention », de « garder le rythme » et, par le fait même, de « mieux gérer son stress ».
« C’est d’ailleurs là une des forces du programme mis en place par Mon Équilibre UL, admet-il. Parmi les différentes portes d’entrée à la méditation existante, la principale est la gestion du stress. » À partir de là, libre à vous d’adapter votre pratique !
À ne pas manquer
L’unité mobile de Mon Équilibre UL est en tournée sur le campus ! Vous pouvez trouver la liste de l’ensemble de ses arrêts sur leur site web. Au menu, cette semaine :
Mardi 6 octobre, de 11 h 15 à 13 h 15, au Pavillon Jean-Charles-Bonenfant.
Mercredi 7 octobre, de 17 à 19 h, au Pavillon H.-Biermans-L.-Moraud.
Jeudi 8 octobre, de 17 h à 19 h, Pavillon Ernest-Lemieux.
Ce qu’ils ont dit…
« La méditation prend ses origines dans la Bouddhisme, mais c’est étudié de manière laïque depuis une dizaine d’années. La preuve : j’y consacre mon mémoire de doctorat ! »
Eugénie Simard, intervenante de l’unité mobile de Mon Équilibre UL et étudiante au doctorat en psychologie, qui étudie la pleine conscience chez les enfants aux prises avec un trouble de déficit de l’attention avec hyperactivité (TDAH).
« J’ai aimé ça, je vais certainement essayer de l’appliquer ! »
Yan Laurin, étudiant au baccalauréat en intervention sportive, à propos de son expérience de pleine conscience avec l’unité mobile.