Un consort d’institutions annonçait la semaine dernière que douze revues scientifiques spécialisées en physique des particules ont accepté un accord pour rendre leurs articles disponibles en ligne gratuitement dès leur publication. C’est ce qu’on appelle le «libre accès». Cette pratique gagne en popularité dans le domaine des sciences.
André-Philippe Drapeau Picard
Le Sponsoring Consortium for Open Access Publishing in Particule Physics (SCOAP³), un réseau international d’agences de financement, de laboratoires de recherche et de bibliothèques, vient d’arriver au terme de six ans de négociations. Au cours de ces dernières, douze revues scientifiques de physique des particules ont signé un contrat qui fera en sorte que leurs articles seront accessibles à tous via leur site web, et ce, gratuitement. À partir de 2014, près de 90 % des articles publiés dans ce domaine pourront donc être consultés dès leur publication papier. Il s’agit de ce qu’on appelle la «voie en or» du libre accès.
Bien que l’origine du principe de libre accès soit difficile à fixer, son application s’est concrétisée au cours des années 1990 avec l’avènement du World Wide Web, qui a permis la diffusion instantanée d’information partout dans le monde. Le site web arXiv, créé en 1991 et toujours actif à ce jour, a été le premier à diffuser librement de la littérature scientifique, en l’occurrence relative à la physique. En fait, on y archive des prépublications, c’est-à-dire des articles n’ayant pas été révisés par un comité de lecture spécialisé, comme cela est la norme en science. En 2002, la proclamation de la Budapest Open Access Initiative a représenté une grande avancée pour ce qui s’appelle l’open access en anglais. Elle comporte une définition officielle de ce qu’est le libre accès, de même qu’une liste de signataires qui s’allonge toujours.
Depuis, deux formes de publication en libre accès ont évolué : la «voie verte» et la «voie en or». La première, la plus populaire des deux en ce moment, permet aux auteurs d’archiver leurs publications sur une page personnelle, tandis que la deuxième rend les articles disponibles sur la page de la revue scientifique qui les publie. Dans les deux cas, les textes sont accessibles sans délai et en version intégrale.
Toutefois, pour éviter les pertes de revenus qu’engendrerait une baisse des abonnements, plusieurs revues ayant adopté la «voie en or» imposent des frais aux auteurs qui souhaitent publier. C’est ici que le SCOAP³ intervient. Pour permettre aux chercheurs de conserver leur budget pour la recherche tout en favorisant le libre accès, le consortium dispose de près de 13 M$US pour financer les publications en physique des particules. Voilà donc une initiative qui risque d’inspirer les éditeurs d’autres domaines scientifiques.