Est-il possible de stimuler la mémoire et d’inverser le déclin causé par la maladie d’Alzheimer ? Des chercheurs du Johns Hopkins Medecine aux États Unis ont tenté le coup et ont implanté chirurgicalement un pacemaker dans le cerveau d’un patient dans le premier stade de la maladie.
Catherine Gilbert
Cette chirurgie fait partie d’un essai clinique multidisciplinaire, ADvance, essayant une nouvelle direction pour ralentir ou stopper les ravages de la maladie d’Alzheimer. Celle-ci prive peu à peu ses victimes, pour la plupart âgées, de toute une vie de souvenirs et de l’aptitude à exercer la plus simple tâche quotidienne. Jusqu’à présent, la plupart des essais cliniques sur les traitements médicamenteux ont échoué. C’est pourquoi ces chercheurs du Johns Hopkins Medecine ont décidé de se concentrer sur l’utilisation des charges électriques à basse tension dans le cerveau. Ce type de méthode a déjà été testé chez des patients atteints de la maladie de Parkinson. Plus de 80 000 personnes atteintes de cette maladie neurodégénérative ont subi la procédure au cours des 15 dernières années. La plupart montrent moins de tremblements et nécessitent de plus faibles doses de médicaments par la suite.
Dans le cadre d’une étude préliminaire en 2010 au Canada, les dispositifs ont été implantés dans six patients atteints de la maladie. Les chercheurs ont constaté que les patients atteints de formes légères de la maladie montraient une augmentation soutenue du métabolisme du glucose, un indicateur de l’activité neuronale, sur une période de 13 mois. À l’inverse, la plupart des patients atteints de maladie d’Alzheimer montrent une diminution du métabolisme du glucose au cours de la même période.
En 2012, le premier patient américain a subi le même type d’intervention chirurgicale à l’Hôpital Johns Hopkins, et un second patient doit suivre la même procédure en cette fin d’année. «Il s’agit d’une approche très différente, par laquelle nous essayons d’améliorer le fonctionnement du cerveau mécaniquement. C’est une toute nouvelle avenue pour le traitement potentiel de la maladie qui devient d’autant plus fréquente avec le vieillissement de la population», explique Paul B. Rosenberg, directeur du site de la recherche à la Johns Hopkins School of Medicine, sur le site d’information Science Daily.
Quelque 40 patients devraient recevoir l’implant de stimulation cérébrale profonde au cours de la prochaine année à l’Université Johns Hopkins et quatre autres institutions en Amérique du Nord dans le cadre de l’étude ADvance. Seuls les patients dont la déficience cognitive est assez douce pour qu’ils puissent décider eux-mêmes de participer seront inclus dans l’essai.