Une personne atteinte de la maladie d’Alzheimer a des pertes de mémoire, des difficultés de jugement et de raisonnement et ne peut accomplir ses tâches quotidiennes. L’entourage de la personne malade pourra noter des changements dans sa capacité de communication, dans son humeur et son comportement.
Comme l’explique le Dr Georges Lévesque, professeur au Département de biologie médicale à la Faculté de médecine de l’Université Laval, «le patient se voit privé de ses capacités intellectuelles, de sa personnalité et de ce qui faisait son identité». Des pertes de mémoire importantes se manifestent. «Sans être alarmiste, il ne s’agit pas de pertes de mémoire mineures, comme lorsqu’on ne se souvient plus de l’endroit où on a rangé ses clés. Il s’agit de pertes de notions importantes, comme l’oubli du nom d’un conjoint et des enfants, ou encore de retourner faire les courses, alors que cela a déjà été fait», ajoute le
Dr Lévesque.
Mythes sur l’Alzheimer
On a souvent entendu dire que la perte de mémoire est naturelle au cours du vieillissement et que la dégénérescence neuronale associée à l’Alzheimer, à l’instar de la dégénérescence musculaire chez les personnes âgées, n’était qu’une conséquence de l’affaiblissement général des fonctions. Cela est faux: la maladie d’Alzheimer, dont toutes les composantes ne sont pas entièrement connues, ne correspond pas à un état
naturel.
Aussi, nombreux sont ceux qui croient qu’il existe des thérapies pour arrêter la progression de la maladie. Malheureusement, il n’existe à ce jour aucun traitement curatif ou préventif de la maladie. Les médicaments disponibles sur le marché peuvent améliorer ou stabiliser temporairement les pertes de mémoire, mais ne guérissent pas. La recherche biomédicale dans le domaine est donc très importante.
Diagnostic
Plusieurs formes de tests sont destinées au diagnostic de la progression avancée de la maladie d’Alzheimer. Des questionnaires visant à tester la mémoire des patients sont distribués. Des questions sur le nom des membres de la famille, l’année, la saison et la date actuelle sont des exemples de questions posées aux patients. Le test de l’horloge vise à mesurer les capacités des personnes à dessiner l’heure sur une horloge. Selon l’évolution de la maladie, des dessins caractéristiques pourraient être effectués par des patients.
Une maladie du cerveau
À la suite de la progression de la maladie, le cerveau subit une perte très importante de sa masse initiale, conséquence directe de la perte des neurones. «Chez un individu en bonne santé, les neurones communiquent entre eux, effectuent du métabolisme et sont capables de se réparer. La maladie d’Alzheimer perturbe ces trois fonctions», souligne le Dr Lévesque.
Dans le cerveau d’un individu atteint de la maladie d’Alzheimer, on peut noter la présence de plaques d’amyloïde. La maladie est caractérisée par la synthèse excessive de cet amyloïde. Deux molécules de la familles des bêta-sécrétases sont impliquées dans cette synthèse: la BACE et la préséniline. Le gène de la préséniline a été découvert par le Dr Lévesque en 1995. Plus de 130 mutations du gène de la préséniline sont connues et ont été associées à la maladie d’Alzheimer. «Les thérapies actuelles sont basées sur l’élimination de l’amyloïde afin de diminuer son niveau ou encore d’empêcher son agrégation dans l’espoir que cela donne des résultats sur la survie des neurones. Le but est de diminuer 50% le nombre de cas en cinq ans», explique le Dr Lévesque. «Par contre, dans les cas familiaux, il existe d’autres composantes qui sont moins connues et qui rendent la maladie un peu plus agressive. Donc, la théorie de l’amyloïde n’explique pas tout» conclut-il.
Quelques chiffres sur la maladie d’Alzheimer
En 1907, le Dr Alois Alzheimer a rapporté pour la première fois qu’une femme de 51 ans présentait un délire de jalousie et une dégradation de ses fonctions intellectuelles.
28 ans, c’est l’âge de la patiente la plus jeune atteinte de la maladie d’Alzheimer. Il s’agissait d’une forme héréditaire de
la maladie.
C’est la cause la plus commune de démence parmi les personnes de 65 ans et plus.
La maladie est fatale entre 5 et 15 ans après l’apparition des premiers symptômes.
On investit 3,5 G$ au Canada, pour les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer. Ce sont généralement des coûts sociaux.
Si on réussissait à retarder de 5 ans les symptômes, on pourrait diminuer la prévalence de la maladie de 50%.
La génétique peut expliquer 50% des cas familiaux, mais plusieurs gènes sont encore inconnus.
Le bilinguisme protège de la maladie d’Alzheimer
Une étude a montré que des personnes qui connaissaient au moins deux langues avaient un certain avantage sur les personnes qui n’en connaissaient qu’une! Des études de cohorte ont montré que les symptômes de la maladie d’Alzheimer étaient retardés chez des patients bilingues, par rapport à des patients unilingues. La seule variable entre les deux groupes était la maîtrise d’une seconde langue. La maîtrise de plusieurs langues permettrait d’établir plus de connections entre les neurones, et serait analogue à l’exercice cérébral!