Salon de la SAAC : À la rencontre des acteurs de demain

Voilà maintenant 42 ans que des centaines d’étudiants issus de la Faculté des sciences de l’agriculture et de l’alimentation (FSAA) s’affairent à mettre sur pied le Salon de la Semaine de l’agriculture, de l’alimentation et de la consommation (SAAC), un rendez-vous annuel entre le public et la nouvelle génération de professionnels.

Sous le thème L’agroalimentaire à travers les traditions : un savoir qui évolue, la 42e édition du Salon de la SAAC a mis en lumière l’évolution des pratiques à travers les traditions et l’histoire du Québec. Cette fin de semaine, près de 20 000 personnes ont franchis les tourniquets d’Expo-Cité afin d’en apprendre plus sur l’agriculture et l’alimentation.

Sortir des bouquins

La SAAC est l’opportunité pour quelques centaines d’universitaires de quitter les bancs d’école le temps d’une fin de semaine. La popularité de l’événement auprès des étudiants bénévoles provient de son aspect concret.

« La SAAC, j’y ai participé toutes les années [de mon parcours universitaire], donc pour moi c’était une continuité. C’est une fin de semaine stimulante et remplie de rencontres enrichissantes », confie Roxane Bibeau, étudiante finissante en agronomie.

Le directeur de la production à la micro-brasserie universitaire Brassta, Jean-Pascal Turcotte-Scott croit, quant à lui, que l’implication étudiante est une bonne façon de compléter sa formation universitaire.

« C’est la meilleure façon de faire ton expérience. Tu te dis « je viens de graduer et il me manque trois ans d’expérience sur mon c.v. ». Il faut faire sa propre chance et c’est là que tu développes tes valeurs entrepreneuriales et ta capacité de gestion. L’implication, ça décroche souvent des emplois », analyse-t-il.

Pour Joséane Gilbert-Moreau, membre du Bureau d’entraide en nutrition depuis avril, l’implication est une façon de redonner à la communauté universitaire et d’apprendre plus chaque jour. « J’adore mon domaine d’études donc c’était super stimulant de penser aider des gens pendant mes études », lance-t-elle.

Un campus animé

L’Université Laval regorge d’organismes et d’entreprises œuvrant dans le milieu alimentaire. La Fromagerie du Campus, la Boulangerie du Comtois, Le Carnivore, Brassta et le Bureau d’entraide en nutrition en sont quelques exemples. Le salon de la SAAC est une véritable fenêtre pour ces comités en constante évolution.

« Il y a beaucoup de gens qui ne savent pas ce qui se passe à l’université. Ils sont pour la plupart surpris d’apprendre qu’il y a une fromagerie, une boulangerie, un comité brassicole et une charcuterie sur le campus. Les visiteurs sont curieux et c’est génial pour nous ça », se réjouit la directrice à la recherche et au développement de la Boulangerie du Comtois, Annabelle Lemire.

Sensibiliser le public

Il s’agit de l’endroit tout indiqué pour les étudiants afin de transmettre au grand public leur savoir sur l’alimentation, la transformation alimentaire et la consommation. « On est les prochains acteurs de l’industrie, donc c’est intéressant pour les visiteurs de voir qu’on a poussé un peu plus loin nos connaissances », indique-t-elle.

Pour Jean-Pascal, « les salons, c’est l’occasion de remettre les pendules à l’heure avec le public. On va vulgariser l’information et briser les mythes qui circulent ». Même son de cloche pour Joséane.

« C’est difficile quelques fois avec tout ce que l’on voit sur les blogues. Plusieurs personnes, qui ne sont pas des professionnels de la santé, s’adressent aux gens comme s’ils le sont », explique-t-elle.

Élevages marginaux à l’avant-plan

Bien que certains kiosques sont de retour, les 300 étudiants bénévoles y ajoutent chaque année de nouveaux éléments, et ce, afin d’apprendre davantage aux visiteurs. La Ferme regorgeait d’ailleurs d’élevages et de productions marginales.

Pour Benjamin Fouquette, étudiant en première année au Baccalauréat en agronomie, il est important de montrer au public qu’il n’existe pas que la production bovine en agriculture. « Souvent, les enfants d’agriculteurs ont déjà vu des vaches, mais là ils peuvent apprivoiser les productions de lapins, de chèvres et de cochons », souligne-t-il.

Cette année, le comité organisateur a ajouté un kiosque sur la transformation du lait d’ânesses, une production très petite et encore peu développée au Québec. L’âne prénommé Charlot a été sans contredit l’animal le plus populaire du salon. Aux dires de Chanelle Fradette, étudiante en agronomie, les parents sont autant sinon plus émerveillés que les enfants.

Pourquoi des étudiants comme Chanelle s’intéressent-ils à des productions marginales ? Tout simplement parce qu’aucun cours ne se donne sur celles-ci dans leur programme.

« J’avais déjà mes cours en bovins de boucherie, bovins laitiers, chèvres, moutons, etc. Je voyais donc la SAAC comme une opportunité de connaître davantage cette production-là », renchérit Roxane.

Elle s’en est d’ailleurs découvert une passion. Bien que l’espace soit réduit dans son appartement, elle est bien décidée à débuter son élevage de lapins de type géant papillon dans les prochains mois. En fera-t-elle son métier? Elle aimerait bien. Toutefois, elle ne met pas de côté les autres options puisque le marché du lapin est restreint.

Nouvelle tendance alimentaire

Manger des insectes peut paraître farfelu. Il s’agit pourtant d’une pratique courante dans plusieurs pays aux quatre coins du monde. Élise Fortin, étudiante au baccalauréat en sciences et technologie des aliments, s’intéresse à la question depuis longtemps. C’est d’ailleurs sa passion pour les « bibittes » qui l’a poussée à s’impliquer au salon de la SAAC. Ce dernier est l’endroit idéal selon elle pour présenter de nouvelles tendances comme celle-ci.

« On sent une certaine ouverture chez les gens. Ce n’est qu’une question de temps avant qu’ils en mangent », croit-elle.

L’étudiante qui en est à sa deuxième année d’études universitaires admet toutefois que cette pratique est très peu connue en Occident, ce qui joue en sa défaveur. « Les œufs de fourmis sont très populaires au Mexique, on les compare souvent au caviar. Ici, ce n’est qu’une barrière culturelle qui nous empêche de manger des insectes », explique-t-elle.

Selon Élise, la population va finir par découvrir les bienfaits des insectes en adhérant tranquillement à l’idée. Parmi les nombreux avantages listés par l’étudiante, notons que les insectes constituent une source de protéines impressionnante. Quelques espèces sont dix fois plus protéinées que le bœuf, et ce, en plus d’être beaucoup moins polluants.

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