Stress et détresse à Laval

PHOTO: SXC.HU

La détresse psychologique est caractérisée par une fréquence élevée de divers symptômes associés généralement aux états dépressifs, à l’irritabilité et à l’anxiété. Bien évidemment, plusieurs facteurs de risques ont été pointés du doigt, comme la charge de travail imposée, la participation aux décisions ou encore le climat compétitif du lieu de travail. De grands changements ont eu lieu depuis deux décennies, puisque le travail de nuit et de fin de semaine a augmenté de 18% et de 25% respectivement. Le modèle américain de productivité intensive en est-il la cause? Il semblerait que oui! La vitesse du travail aurait augmenté de 55 à 68% entre 1977 et 1997. Ajoutons à cela le temps alloué insuffisant pour accomplir une tâche, la cadence élevée et les changements constants. Avec une telle intensification du travail, il y a de quoi être stressé!

Des répercussions sur la santé
La santé mentale, dans un tel contexte, dépend du rôle joué par l’employé dans trois catégories interdépendantes: la société, la famille et le travail. Si des anicroches s’accumulent au sein de chacune de ces catégories, leur total entraînera, selon leur gravité, ce que l’on désigne par la détresse psychologique, responsable de 30 à 50% des incapacités au travail.

D’après l’Organisme mondial de la santé, les problèmes de cette nature représentent une des principales causes de maladie, d’absence et de mortalité reliées au travail. Les risques psychosociaux sur la santé sont multiples et touchent, outre la santé mentale, les systèmes musculo-squelettiques et cardiovasculaires. En effet, d’après le Groupe de référence et d’intervention en santé mentale au travail (GRISMT), les facteurs psychosociaux personnels et le travail sont la troisième cause d’occurrence des maladies cardiovasculaires.

Des répercussions sur l’entreprise
Les conséquences pour les organisations sont multiples. Tout d’abord, le taux d’absentéisme et les coûts augmentent, alors que la productivité diminue. Il va sans dire que le climat de travail se détériore de façon drastique. Au Canada, les coûts associés au stress au travail sont de 14,4 milliards de dollars, soit 1,7% du PIB.
Bien que l’absentéisme soit un indicateur très parlant de la détresse psychologique, le présentéisme l’est tout autant! En effet, des études ont montré que la détresse et le harcèlement psychologique augmentaient le présentéisme respectivement de 4,1% et de 3,9%.

La prévention avant la guérison
La Chaire en gestion de la santé et de la sécurité au travail stipule que les facteurs de risques pouvant porter atteinte à la santé mentale doivent être modifiés ou éliminés. Pour ce faire, des réunions d’équipes et des formations sont organisées et les tâches sont réévaluées. D’ailleurs, des trousses de prévention du stress au travail sont offertes à tous les employés. Une deuxième approche vise à aider les individus à développer des habiletés et des outils afin qu’ils puissent gérer leur réaction devant les différents problèmes. Finalement, dans le cas où des employés ont dû quitter leur lieu de travail pour des raisons de détresse psychologique, des programmes de réhabilitation sont mis en place et des suivis sont effectués.

Les interventions et la recherche
Le Congrès international sur la santé au travail, qui s’est déroulé la semaine dernière, réunissait des chercheurs renommés en psychologie. Le Dr Tage S. Kristensen, chercheur en psychologie au Danemark, a abordé les dimensions psychosociales et épidémiologiques durant une conférence organisée par l’Université Laval, qui portait sur les enjeux des études d’intervention psychosociale au travail. Ces interventions ont l’avantage d’établir un diagnostic précis, de fournir un soutien financier et humain et de poser des gestes concrets ayant un potentiel de réussite élevé.

Cependant, de nombreux obstacles existent: «La recherche d’intervention est très difficile, puisqu’elle exige beaucoup de temps. D’ailleurs, on n’a pas l’impression de faire de la recherche, car on travaille avec des individus en dynamique et les résultats à long terme sont parfois décevants», a souligné le Dr Kristensen. En effet, il n’existe pas de démarche universelle, puisque chacune doit être adaptée au lieu de travail et aux employés, ce qui est bien différent des essais cliniques, qui sont généralement standardisés et ne laissent pas de place à des ajustements comparables. «Les études d’intervention organisationnelle sont beaucoup plus complexes, imprédictibles, difficiles à décrire et à reproduire que l’effet de la consommation d’une pilule lors des essais cliniques», a ajouté le chercheur.

En général, la recherche au sein des organisations se fait à l’aide de questionnaires et d’entrevues permettant d’estimer l’indice de détresse psychologique et d’identifier les facteurs de risques organisationnels. Ces interventions sont donc indispensables si l’on considère qu’une grande proportion des personnes se disant insatisfaites dans leur travail démissionnent et cherchent un emploi leur garantissant une meilleure qualité de vie.

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