Aaron Swartz, un étudiant du Massachusetts Institute of Technology ( MIT ), informaticien, « hacker » et théoricien, s’est suicidé le vendredi 11 janvier 2013, à l’âge de 26 ans. D’après la famille du jeune homme, sa décision de mettre fin à sa vie aurait été causé par ses démêlés judiciaires.
Catherine Gilbert
La MIT est une institution de recherche spécialisée dans les domaines de la science et de la technologie située à Cambridge, à proximité de Boston, aux États-Unis. Elle est considérée comme étant une des meilleures universités mondiales en sciences et technologies. Parmi ses murs, il y avait Aaron Swartz, un étudiant brillant en informatique, activiste, orateur, théoricien et également «hacker». Il était passionné par les sciences sociales et aimait prendre part à des débats.
Les « hackers », depuis des décennies, font tomber des pianos hors d’usage depuis le toit de leur dortoir en pleine nuit, affublent les statues des fondateurs de l’Université de gadgets et costumes en tout genre ou déposent un camion de pompier (un vrai !) sur le toit du Great Dome, le bâtiment le plus prestigieux de l’Université. C’est dans cet univers qu’Aaron Swartz évoluait et faisait ses études.
Affaire JSTOR
Le 19 juillet 2011, il est accusé d’avoir téléchargé et mis à disposition en ligne 4,8 millions d’articles scientifiques disponibles dans JSTOR. Ce n’est pas l’organisation JSTOR qui a engagé des poursuites contre l’étudiant du MIT, mais plutôt le procureur des États-Unis, Carmen M. Ortiz, qui souhaitait le faire arrêter.
D’après la plainte, c’est entre le 24 septembre 2010 et le 6 janvier 2011 que Swartz a utilisé diverses méthodes pour récupérer les documents. Il est entré notamment par effraction dans la salle de câblage informatique du MIT via les conduits de ventilation, en portant un casque de vélo pour dissimuler son identité. La quantité de téléchargements aurait fait s’effondrer plusieurs serveurs de JSTOR, conduisant à un blocage de l’accès des utilisateurs du MIT au réseau. Il désirait rendre la base de données disponible à tous.
Son suicide
Le 11 janvier 2013, Aaron Swartz est retrouvé pendu dans son appartement. Plusieurs personnes croient que les accusations de fraude électronique en seraient la cause. S’il avait été jugé coupable, il encourait une peine d’emprisonnement pouvant atteindre 35 ans et une amende s’élevant jusqu’à un million de dollars.
Depuis son décès, plusieurs centaines de scientifiques diffusent leurs articles gratuitement sur Internet pour rendre hommage à son engagement en faveur du libre partage des connaissances et de l’information sur le web.
Débat sur le coût des revues académiques et l’accès à l’information
Swartz était co-fondateur du site de nouvelles Reddit et était connu pour son travail sur les f lux RSS.
À l’instar de nombreux universitaires, il jugeait que les frais chargés par les grandes maisons d’édition internationales étaient honteux et abusifs.
Plusieurs de ses partisans avancent que bien qu’ils ne cautionnent pas les tactiques du militant, celui-ci demeure un des rares à avoir oeuvré afin de rendre la recherche disponible pour tous.
Ils avancent le problème suivant: il est difficile pour les journaux récents d’attirer les chercheurs, car les journaux plus anciens ont le monopole du « prestige ». Plusieurs scientifiques se disent ainsi pris dans un cercle vicieux. Ils ne peuvent se permettre de publier dans des journaux moins prestigieux, leurs subventions étant directement liées au facteur d’impact de leurs articles.
Un communiqué de la famille a fait la déclaration suivante: « La mort d’Aaron n’est pas uniquement une tragédie personnelle, elle témoigne d’un réel débat qui doit avoir lieu, et est la conséquence d’un système de justice pénale qui pousse à l’intimidation ».