Lorsque trop, c’est comme pas assez, ou pourquoi la pratique d’activité physique et le bien-être suivent une relation qu’on dit en U inversé.
Affirmer que l’excès d’activité physique peut être néfaste pour le bien-être des adolescents n’est pas, en soi, très controversé. Par contre, mesurer le nombre d’heures effectif de pratique d’activité physique qui se cache derrière cette relation est déjà plus intéressant. Et déterminer le moment précis à partir duquel l’activité physique est associée à un bien-être optimal ou, au contraire, à sa diminution marquée, c’est ce qu’on appelle un exploit qui n’avait jamais été réalisé jusqu’à tout récemment.
Depuis la parution, la semaine dernière, d’une étude dans la revue Archives of Disease in Childhood, nous avons maintenant une meilleure idée de ces chiffres chez les 16 à 20 ans. Si 14 heures par semaine, soit le double de la recommandation actuelle pour ce groupe d’âge, semble constituer le maximum raisonnable à atteindre, franchir le cap des 17,5 heures par semaine s’accompagne d’une baisse prononcée du bien-être.
Dans les faits, il décline jusqu’à un niveau comparable à celui des sédentaires, eux-mêmes pourtant situés à l’autre bout du spectre en qui a trait à la forme physique. Cela met en lumière les différences qui existent entre santé physique et santé globale.
Cosignée par Richard Bélanger, professeur à la Faculté de médecine de l’Université Laval, cette étude est basée sur des données collectées par ce dernier lors de sa thèse doctorale effectuée en Suisse. Même si, à la base, ses travaux portaient sur l’usage de produits et de substances dopantes chez les adolescents, celui qui est pédiatre/médecin de l’adolescence au Centre mère-enfant Soleil du CHU de Québec avait tout de même pris soin d’inclure dans sa cueillette un court questionnaire sur le bien-être développé par l’Organisation mondiale pour la santé. Au cas où…
Ce n’est que lors de l’analyse des données recueillies auprès des 1245 jeunes Suisses sondés en ligne que le Dr Bélanger et ses collègues ont vu une relation qu’on dit en U inversé se dessiner. « Nos résultats, les premiers en leur genre, sont donc en quelque sorte imprévus », a-t-il d’ailleurs souligné à Impact Campus.
Fait à noter : cette relation demeure la même après avoir atténué l’effet de possibles variables confondantes comme le sport pratiqué ou le statut socioéconomique, ce qui en confirme la force.
Selon le Dr Bélanger, il convient néanmoins de nuancer les résultats de son étude. « Nous ne pouvons, pour l’instant, affirmer quelles sont les causes exactes de l’association entre pratique intensive du sport et diminution du bien-être chez les adolescents. Même si nous disposons de plusieurs hypothèses, d’autres études seront nécessaires pour se prononcer », a-t-il analysé.
Bien qu’ils ne soient pas spécifiques à la réalité des jeunes Québécois, ces résultats ont tout de même le mérite de conscientiser l’ensemble des intervenants auprès des adolescents-athlètes. « J’espère qu’ils se poseront de sérieuses questions quant aux répercussions négatives que la pratique de plus de 17,5 heures d’activité physique peut avoir sur la santé globale d’un jeune », a conclu le professeur-chercheur de 34 ans.