Vers un campus sans eau embouteillée

À la suite de la Journée sans eau embouteillée qui a eu lieu sur le campus le lundi 16 mars et de la journée mondiale de l’eau du 22 mars, c’est l’occasion de dresser un portrait de la vente d’eau embouteillée sur le campus. Parmi les nouveautés dans ce dossier, la CADEUL s’est récemment engagée à éliminer graduellement la présence de cette eau controversée dans ses différents points de vente.

Le dossier de l’abolition de la vente d’eau embouteillée progresse tranquillement depuis 2010, alors que l’association environnementale Univert Laval lançait sa campagne « À Laval, buvons local! » À l’époque, l’idée était novatrice, puisque peu de campus québécois avaient amorcé cette démarche. Pourtant, l’Université Laval n’avait alors pas emboîté le pas.

Aujourd’hui au Québec, parmi les institutions qui ont déjà éliminé la vente d’eau embouteillée au Québec, on compte 5 universités et 5 cégeps. Également, une dizaine d’universités ailleurs au Canada ont déjà fait le changement.

La CADEUL s’engage

La session dernière, Univert Laval a tenté une nouvelle fois de convaincre l’Université du bien-fondé de sa demande en déposant un manifeste de 12 pages appuyé par plusieurs acteurs universitaires. Le but étant de demander aux décideurs d’inclure cet objectif dans le prochain plan d’action institutionnel en développement durable triennal prévu pour mai-juin 2015.

Si le manifeste d’Univert Laval n’a pas su convaincre l’Université Laval de changer son discours sur les bouteilles d’eau, la CADEUL a quant à elle entendu les arguments, puisqu’elle s’engage désormais à retirer petit à petit les bouteilles d’eau de tous ses points de vente. Ces endroits comprennent le Pub universitaire (déjà libre d’eau embouteillée), le dépanneur Chez Alphonse, la cafétéria Saveurs Campus du Desjardins et les Cafés Équilibre du PEPS et du Stade Telus. «On va réduire l’offre en termes de variété de bouteilles et pour ce qui est des prix, on va les augmenter un peu, ce qui va mener à une différence plutôt marquée dès la rentrée de septembre prochain», résume le Président de la CADEUL, Thierry Bouchard-Vincent.

Le délai avant l’atteinte de l’objectif variera d’un endroit à l’autre selon la réponse des consommateurs. Cette démarche s’accompagnera à certains endroits de solutions de rechanges, comme c’est le cas du dépanneur Chez Alphonse qui offre une fontaine d’eau avec des bouteilles d’eau réutilisables à portée de main.

Sur le campus

Même si l’Université ne souhaite pas légiférer sur la question, la campagne « À Laval, buvons local » a tout de même fait son bout de chemin.  8 des 12 cafés étudiants sur  le campus sont devenus des zones libres d’eau embouteillée. Rien n’est acquis, toutefois, dans le contexte où les cafés ont la liberté de choisir. En effet, ceux-ci peuvent revenir sur leur décision à tout moment, selon les gérants en poste.

Les 8 cafétérias de la compagnie Sodexo restent les plus gros vendeurs d’eau «controversée» et le resteront probablement tant que l’Université n’interviendra pas. Les contrats des institutions alimentaires appartenant à Sodexo pour le moment tirent bientôt à leur fin et l’enjeu de l’eau embouteillée pourrait très bien être un poids qui pèsera dans la balance.

Encore du chemin à faire

Ce geste significatif de la part de la CADEUL influencera-t-il l’Université à emboiter le pas ? Les chances sont minces puisque Pierre Lemay, adjoint au vice-recteur exécutif et au développement, affirme que « l’Université maintiendra sa position qui se veut non coercitive et dont l’approche mise plutôt sur la responsabilisation des consommateurs par la sensibilisation».

«Le développement durable comprend aussi le volet de la qualité de vie et le fait de retirer l’eau des choix de consommation risque d’orienter les acheteurs vers des alternatives moins santé, comme une bouteille de Coke par exemple», argumente M. Lemay.

Thierry Bouchard-Vincent estime de son côté qu’il s’agit d’une considération qui a été apportée lorsque la décision a été prise: «On veut offrir une alternative au bouteilles d’eau et c’est ce qu’on va faire avec l’idée d’offrir les bouteilles réutilisables et la possibilité de les remplir dans les succursales.»

L’Université appuie donc les initiatives de sensibilisation d’Univert Laval et des étudiants dont la cause tient à cœur. C’est d’ailleurs le cas de l’Association étudiante en service social (MESSUL) qui a fabriqué une grosse bouteille d’eau artisanale avec des bouteilles vides recyclées pour la Journée sans eau embouteillée de lundi dernier. Durant cette journée, les agents en développement durable de l’Université ont sillonné le campus pour parler des enjeux entourant la consommation d’eau embouteillée.

En questionnant M. Lemay sur les initiatives de sensibilisation prévues en ce sens, on comprend que l’Université compte beaucoup sur les étudiants eux-mêmes pour sensibiliser leurs pairs. «La sensibilisation des étudiants est plus efficace lorsqu’elle est faite par des étudiants», soutient-il. Cette affirmation met beaucoup de poids sur Univert Laval dont les effectifs sont variables d’année en année et dont le travail est sans cesse à refaire pour viser les nouveaux arrivants universitaires.

Les arguments

Le manifeste disponible sur le site Internet d’Univert Laval divise la problématique de l’eau embouteillée en quatre volets.

Le premier est l’environnement en raison des déchets produits par le plastique des bouteilles et de l’énergie utilisée à cette fin. Sur le campus, environ 3000 bouteilles d’eau sont consommées chaque jour dont seulement 20% seront réellement recyclées.

Le second est celui de la consommation, puisque la dépense que représente l’eau embouteillée est superflue dans un contexte où les taxes servent déjà à rendre l’eau potable disponible.

Le troisième est celui de la santé, puisque l’eau de l’aqueduc est aussi saine que l’eau des bouteilles et même parfois de meilleure qualité considérant que le plastique relâche parfois des substances toxiques dans l’eau.

Le dernier est celui de la justice internationale, considérant que les entreprises s’approvisionnent souvent des sources d’eau potable fragiles des communautés pauvres dans des pays en voie de développement.

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