On a tous eu ce moment de faiblesse. Un plan de dissertation à faire, 24h de retard, et cette petite fenêtre ouverte : « Explique-moi en 500 mots ce qu’est la métafiction historiographique postmoderne. » En quelques secondes, ChatGPT répond. Et là, tu hésites : triche ou génie? Depuis l’arrivée fulgurante des IA génératives dans le quotidien académique, l’université n’a plus tout à fait le même visage. Faut-il s’en méfier, les ignorer ou les adopter à bras ouverts ?
Par Léon Bodier, journaliste multiplateforme
Ce que ChatGPT fait (bien)… et moins bien
ChatGPT peut résumer un article (ou même te dire si ça vaut la peine de le lire dépendamment de tes objectifs), proposer un plan, expliquer un concept et corriger des fautes. C’est un bon point de départ, surtout quand on est coincé face à l’angoisse de la page blanche. Tu peux lui demander « reformule cette phrase en version plus académique » ou « propose trois titres originaux pour ce travail ». Il est rapide, clair et plutôt inspirant : de mes recettes de cuisine à l’organisation des chapitres de mon mémoire sur le cinéma, je l’utilise régulièrement (il a même un prénom au cas d’une révolution des machines, le mien c’est Paul).
Mais n’oublions pas les petites folies qu’il débite parfois, car attention : il n’est pas infaillible. ChatGPT a tendance à inventer des sources, des citations, voire des concepts entiers. Il n’a pas d’accès à tes lectures de cours ni à tes notes. Et même quand sa réponse a l’air convaincante, elle peut être totalement à côté du sujet ou inventée. En bref : c’est un bon assistant… mais un très mauvais tuteur.
Les pièges à éviter
Utiliser ces outils peut te faire gagner du temps, mais il y a des pièges à éviter. D’abord, le piège de la dépendance : laisser une IA faire tout le travail t’éloigne de la réflexion personnelle. En effet, c’est TA pensée critique que tu viens développer à l’Ulaval, pas celle de ChatGPT. Le but des études c’est apprendre, et le cerveau c’est un muscle, alors ça ne sert à rien de le laisser s’atrophier parce qu’on pense qu’un ordinateur peut tout faire mieux à notre place.
Ce qui n’est pas le cas : il n’écrit pas forcément mieux que toi. Beaucoup de profs n’ont pas encore tranché clairement sur l’usage des IA. Certains les acceptent comme aide à la rédaction, d’autres les bannissent totalement. Quand c’est flou, le plus sûr est de demander ou de s’en tenir à un usage limité et surtout transparent. Parce que ChatGPT arbore des particularités de langages assez facilement remarquables par un enseignant affûté, alors mieux vaut jouer cartes sur table…
D’autres outils numériques utiles pour étudier
L’intelligence artificielle, ce n’est pas que ChatGPT. Il existe une foule d’outils (souvent gratuits) qui peuvent vraiment t’aider à mieux t’organiser et à bosser efficacement — sans tricher.
- Zotero : pour gérer automatiquement ta bibliographie. Tu ajoutes les sources, il les classe, et te génère tes références en style APA, MLA, etc.
- Obsidian : un outil de prise de notes lié à un système de carte mentale qui t’aide à visualiser les liens entre tes idées. Parfait pour structurer un mémoire ou un projet de session (je l’utilise pour mes citations).
- Wooclap : moins connu, mais redoutable pour réviser. C’est un outil interactif utilisé par des profs, mais accessible aux étudiant·e·s pour créer des quiz, cartes mémoire ou sondages d’autoévaluation.
- Canva : génial pour les travaux qui demandent des visuels (présentations, affiches, lignes du temps). Même avec un compte gratuit, tu peux créer des supports pros sans passer par PowerPoint en sueur.
Conclusion : outil ou raccourci?
On pourrait croire que ces technologies vont tuer la pensée critique. Mais bien utilisées, elles peuvent au contraire t’aider à mieux structurer tes idées, à clarifier ton propos, à revoir ta méthodologie. ChatGPT n’est ni un prof de philosophie ni une tricherie automatique : c’est un outil. Et comme tout outil, tout dépend de ce qu’on en fait et de l’éthique avec laquelle on l’utilise. Alors la prochaine fois que tu as envie de lui confier un paragraphe à rédiger, demande-toi : est-ce que je veux qu’il m’aide à penser, ou qu’il pense à ma place ?