C’est sans grande surprise, une quinzaine de minutes après la fermeture des bureaux de scrutin, que Régis Labeaume a été réélu maire de Québec pour un quatrième mandat. Si les dix premières années de son administration se sont déroulées sans éclats, le coloré personnage est maintenant attendu de pied ferme par les groupes sociaux de la région de Québec et les associations étudiantes de l’Université Laval.
Le maire sortant a récolté 113 760 voix, mais aura pour la première fois à se soucier d’un adversaire politique plus à droite, se partageant en quelque sorte cette tranche de l’électorat. Revendiquant près de 57 000 voix, Québec 21 aura deux conseillers autour de la table : Jean-François Gosselin, qui prendra la place de sa colistière, et Steven Mélançon, tous deux élus dans Beauport.
Les mots oppositions et négociations n’ayant que peu fait partie du vocabulaire du maire depuis sa première élection en 2007, il s’agira d’une situation quasi-inédite au conseil de ville. À la CADEUL, on sent même une ouverture aux idées des jeunes du côté de Labeaume, ce qui n’était pas nécessairement le cas lors de ses premiers mandats.
« On a hâte de travailler avec eux, soutient le président de la CADEUL, Samuel Rouette-Fiset. On a eu l’occasion de discuter beaucoup avec Équipe Labeaume d’enjeux comme le transport en commun et les logements étudiants. Il était intéressé à ce qu’on en parle plus. On s’attend à ce que la coopération entre l’Université et la Ville soit plus importante dans les prochaines années. »
Même son de cloche du côté des organismes communautaires de la région, qui souhaitent que ce nouveau mandat soit celui de la collaboration. « Nous espérons compter sur la Ville de Québec en tant que partenaire d’un milieu communautaire autonome en tant que pilier du progrès social au Québec, affirme Caroline Paquin, directrice du regroupement des organismes communautaires de la région 03 (ROC-03). Cette collaboration doit être celle d’une administration qui met en place, avec les acteurs communautaires, des politiques et des programmes adéquats qui permettent de rassembler les communautés autour des besoins identifiés par celles-ci. »
Le LPU toujours dans les plans
Après avoir évoqué un nouveau projet de transport structurant, sans toutefois s’avancer sur la forme avant d’avoir les résultats d’un comité mis en place à quelques semaines des élections, le maire nouvellement réélu attendait des chiffres pour prendre position dans le dossier du laisser-passer universitaire (LPU) en début de campagne. Coup de théâtre, Équipe Labeaume s’y engageait toutefois en débat sur le campus à deux semaines des élections. Il sera maintenant temps de passer de la parole aux actes.
« On se réjouit de savoir que le maire Labeaume est favorable à notre projet de LPU, indique le président de l’AELIES, Pierre Parent-Sirois. On a déjà un groupe de travail établi depuis plusieurs années qui réfléchit à la meilleure façon de l’implanter. On espère que le maire prendra en compte les idées qui émanent de ce groupe et qu’il inclura les deux grandes associations de l’Université Laval à son groupe de travail. »
« Il a dit en campagne qu’il voulait que ça se réalise et qu’il était prêt à ce que le projet aboutisse, donc on s’attend à ce que ça se réalise », ajoute Samuel Rouette-Fiset.
Régis Labeaume s’était engagé en octobre à mettre sur pied un comité de travail afin d’instaurer un LPU pour la rentrée scolaire 2018. Le maire sortant a promis de s’entendre avec le gouvernement provincial afin de financer le projet à partir du Fonds Vert, visant à favoriser le développement durable au Québec. L’AELIES se méfie toutefois du caractère éphémère et politique d’un tel financement.
« Le projet a besoin d’un financement stable et récurrent, poursuit Parent-Sirois. On doit avoir une vision axée sur le moyen et le long terme. »
Beaucoup de pain sur la planche
La mobilité a fait couler beaucoup d’encre lors des municipales de 2017, à Québec, mais aussi ailleurs dans la province. Les dossiers sur la table de l’administration Labeaume sont toutefois nombreux. On peut penser au logement étudiant, sur le campus et dans les environs, mais aussi à la stabilisation du tissu social, mis à mal par les politiques publiques provinciales et fédérales.
« Les défis du communautaire sont actuellement nombreux : sous financement, autonomie de la mission mise en danger, hausse des demandes et listes d’attente causées par un filet social affligé de multiples coupures » poursuit la directrice du ROC-03, qui regroupe plus d’une centaine d’organismes communautaires autonomes en santé et service sociaux dans la Capitale-Nationale, Portneuf et Charlevoix.
La participation citoyenne sera aussi un défi pour le maire Labeaume, souvent critiqué à cet effet. Démocratie Québec proposait un réinvestissement dans les conseils de quartiers, une instance de politisation importante qui permet d’impliquer directement les citoyens dans leur vie de quartier. Option Capitale-Nationale allait même jusqu’à promettre 2M $ pour chacun des conseils afin de les doter d’un véritable pouvoir d’agir.
Pour Alicia Despins, élue dans Vanier-Duberger sous la bannière d’Équipe Labeaume et rencontrée en début de campagne, cette question doit d’abord être posée à partir de la volonté des personnes à s’impliquer, que la ville se doit d’identifier et d’accompagner. Il est difficile de saisir ce qui est entendu par « accompagner », dans le contexte où les conseils de quartiers disposent de peu de moyens d’actions, particulièrement depuis les dix dernières années.
À la prochaine fois ?
Rien n’est certain quant à l’avenir de la cheffe de Démocratie Québec, Anne Guérette, qui n’a toujours pas indiqué au moment de mettre en presse si elle prendra la place de son colistier, Jean Rousseau, élu dans Cap-aux-Diamants. Elle serait la seule représentante de son parti au conseil municipal. Option Capitale-Nationale a récolté un peu moins de 3000 voix, bon pour le 4e rang.