La mobilité est au cœur des priorités d’Équipe Labeaume, qui lançait sa campagne en vue des élections municipales vendredi dernier. Si bien peu de propositions concrètes ont été avancées, le maire sortant invite à « un examen de conscience » afin de se tourner vers l’avenir.
« Dans l’avenir, tout le monde va comprendre que ça va nous prendre un réseau de transport structurant, indique Régis Labeaume, invitant à profiter des différentes sommes allouées par le gouvernement fédéral. C’est juste qu’on devra le payer nous même, et ça va faire mal. »
Régis Labeaume brigue actuellement un quatrième mandat à la mairie de Québec, ayant été élu en 2007 suite au décès d’Andrée Boucher, puis en 2009 et en 2013. Si les fêtes du 400e, la construction d’un nouvel amphithéâtre pour accueillir une formation de la LNH et la renégociation des ententes collectives dans le secteur public avaient été les thèmes de ses premières campagnes, Labeaume promet un programme « progressiste » qui sera dévoilé au cours des prochaines semaines.
Un réseau de transport structurant, avec des améliorations pour les automobilistes, les usagers du transport collectif, les cyclistes et les piétons, permettrait de rejoindre les jeunes et d’amener de nouvelles personnes à s’installer à Québec, des priorités pour la formation politique. « Dans leurs valeurs, et ce n’est pas unanime, ça prend des transports collectifs structurants, ajoute-t-il. Tant qu’on n’a pas ça, pour eux, Québec c’est une petite ville. Pour eux, c’est un élément de base. Ils ont voyagé en Europe, aux États-Unis. »
Ces « jeunes diplômés » qui sont « l’élite de la recherche universitaire », sont nécessaires au renouvèlement du dynamisme de la municipalité. « Ça nous prend absolument ça pour être au niveau avec les milléniaux. Il faut qu’ils viennent à Québec sinon on ne s’en sortira pas, précise Labeaume. Deuxième affaire, il faut investir dans la beauté de la ville, dans la qualité de vie de la ville. »
Mieux connaitre Québec
Pour se démarquer auprès de cette population, Équipe Labeaume entend miser sur une réorganisation du transport et le maintient d’une bonne qualité de vie, soutenant que l’économie de Québec offre déjà des emplois de qualité et des salaires compétitifs.
« J’ai rencontré des leaders de la polytechnique et ils nous ont envoyé un message très clair, raconte Labeaume. Premièrement, les jeunes ne connaissent pas Québec. Deuxièmement, la plupart d’entre eux, environ 50%, croient qu’investir dans une voiture est une dépense inutile. Et là, nous, on a une petit examen de conscience à faire. »
Le maire sortant prend ainsi le pari de faire rayonner la ville afin d’attirer de nouveaux cerveaux, mais aussi de retenir ceux qui s’installent à Québec le temps de réaliser leurs études. « C’est en organisant ta ville, en le rendant la plus belle possible, en ayant le maximum de loisirs, l’environnement, la qualité de vie, maintient Labeaume. C’est documenté, c’est connu. »
Il ne s’est pas avancé au sujet du laisser-passer universel du RTC pour les étudiant-e-s de la ville, se contentant « d’attendre une offre chiffrée ».
Faire de la politique pour impliquer les jeunes
À 23 ans, Alicia Despins est la plus jeune candidate présentée par Équipe Labeaume. Elle tentera de convaincre les électeurs de Dugerber-Vanier en novembre prochain. Impliquée depuis son secondaire dans différents comités jeunesses, elle en est déjà à une deuxième élection municipale.
En 2012, alors qu’elle est âgée de 18 ans, elle cofonde le parti municipal Alternative Québec, afin de motiver les jeunes à voter au municipal. « On était une gang de jeunes du Cégep et on était tombés sur un article qui disait que les jeunes votaient à la hauteur de 18% aux élections municipales, se souvient-elle. Ça a déclenché une sorte d’urgence d’agir. À partir de ce moment-là, on s’est mobilisés puis on s’est présentés à l’élection partielle. On a eu 3% des votes, nous étions super contents. »
L’année suivante, son parti est dissout et Alicia devient directrice de campagne pour l’Équipe Labeaume après un bref passage chez Démocratie Québec. « Il y a quatre ans, alors que j’avais 19 ans, ils m’ont fait assez confiance pour que je sois directrice de campagne pour un candidat. Quatre ans plus tard, je me présente comme candidate. »
C’est vraiment l’ouverture aux idées des jeunes de l’Équipe Labeaume qui l’a convaincue de se joindre à l’imposante formation politique. « Ils m’on accueilli à bras ouverts. J’avais vraiment le sentiment qu’ils étaient ouverts à la jeunesse, aux nouvelles idées, à tout ce qu’on peut amener. »
Un palier méconnu
Alicia Despins entend essayer de « combler ce petit manque » afin de « mieux faire connaitre ce palier qui est très méconnu ». Pour elle, le désintérêt envers la politique municipale provient d’une impression qu’il ne s’y passe pas grand chose, alors que « tout ce qui se passe au quotidien, ça touche le municipal. »
Si c’est d’abord la situation des jeunes qui l’a menée à faire le saut en politique, elle reconnait que le problème de participation s’étend plus largement à la société. « Les jeunes ne votent pas beaucoup, mais le gens en général de votent pas beaucoup, indique-t-elle. Je crois qu’il y a un petit devoir pédagogique, à la maison, à l’école ou dans la société en général. »
Des instances plus inclusives et une plus grande volonté de la part des personnes sont les clés d’une meilleure implication citoyenne, selon Despins. « Il faut que ça vienne des gens un peu aussi. Par contre, quand ils commencent à s’intéresser, il faut qu’il y ait les instances pour qu’ils puissent le faire. »
La candidate abonde d’ailleurs dans le même sens que le maire au sujet de la mobilité comme stratégie pour rejoindre les jeunes. « Aujourd’hui, je pense que les jeunes ne se limitent plus à un seul moyen de transport. On s’en va voir nos cousins en Beauce, après on prend l’autobus pour aller à l’école et notre vélo pour aller au travail, image-t-elle. C’est l’avenir. Il faut s’adapter et trouver des façons de faire pour que ce soit économique et facile d’utiliser les différents modes de transports. »