Comme chaque étudiant(e) le sait trop bien, qui dit fin de session, dit aussi évaluation. Plusieurs cours passent eux-mêmes sous la loupe lors du rare moment où ce sont plutôt les étudiants qui évaluent leurs professeurs et leurs enseignements. Hélène de Chamberet, conseillère en pédagogie auprès du Bureau de soutien à l’enseignement (BSE) de l’Université Laval insiste sur l’importance de ce rituel. « La démonstration a été faite que l’appréciation des étudiants est une donnée fiable pour la qualité de l’enseignement », annonce-t-elle. Pour avoir des données fiables, il faut toutefois des hauts taux de participation et avec la possibilité de faire les évaluations en ligne, ceux-ci sont beaucoup moins élevés.
« En ligne, pour 2016-2017, on obtient 44% de taux de réponses, ce qui est considéré comme étant insuffisant pour être déposé dans le dossier officiel », raconte Hélène de Chamberet. En format papier, la participation passe presque au double, avec un taux de 81%, selon les données de la conseillère en pédagogie.
Il faut 60% pour que les évaluations aient une véritable valeur administrative et qu’elles soient déposé dans le dossier du professeur ou du chargé de cours. Si le taux est sous cette barre, les résultats de l’évaluation permettent tout de même, à titre consultatif, à l’enseignant de cibler ce qu’il pourrait améliorer.
Malgré cette plus faible participation, le format numérique a l’avantage d’être beaucoup moins coûteux que le format papier, tel que l’affirme Mme de Chamberet. La grande différence entre les taux de réponse de ces deux modes semble surtout être reliée à si l’évaluation se fait en classe ou pas. « En prévoyant une période pour faire l’appréciation en ligne, les taux sont plus autour de 70%, mais ils peuvent frôler les 80% dans certaines unités, s’il y a beaucoup de discours relayés par les associations étudiantes ou par la direction pour inciter les étudiants à remplir les évaluations », relate la conseillère.
Cette façon de fonctionner est une avenue intéressante, selon le président de la CADEUL, Mathieu Montégiani. « Les étudiants ont leur mot à dire dans leur formation. On n’a pas de position à savoir si ça devrait être fait sur papier ou en ligne, tout ce qu’on veut c’est que les étudiants participent le plus possible », précise-t-il.
Asymétrie départementale
Le choix du format et des autres paramètres d’évaluation varient d’une unité à l’autre. Qu’elle soit une faculté, un département ou une école, chacune a sa propre politique, indique Hélène de Chamberet. « Il y a une règle conventionnée qui est obligatoire; tout chargé de cours en période d’essai doit être évalué », explique-t-elle, mentionnant que toutes les facultés vont minimalement plus loin.
Pour cibler les cours qui feront objets de l’appréciation des étudiants, plusieurs unités suivent les recommandations de la politique institutionnelle de valorisation de l’enseignement. Ainsi il est recommandé d’évaluer :
- Toute nouvelle activité de formation ou toute activité existante qui est donnée selon une nouvelle formule;
- Toute activité de formation donnée pour la première fois par un enseignant;
- Toute activité de formation dont la dernière évaluation, de l’avis du responsable autorisé, a révélé des difficultés.
« Il y en a qui vont ajouter d’autres critères, par exemple certaines vont évaluer toute activité de formation n’ayant pas fait l’objet d’une appréciation depuis deux ou trois sessions ou toute activité pour laquelle les étudiants siégeant au comité de programme ont demandé une évaluation », souligne Mme de Chamberet. Certaines permettent aussi aux professeurs eux-mêmes de demander une évaluation.
De son côté, la CADEUL souhaiterait rendre plus systématique les évaluations comme certaines unités le font. « On veut que les bonnes pratiques soient partagées », précise le président.
L’importance du secret
« C’est seulement l’enseignant en tant que tel et le responsable de son unité qui peuvent voir les résultats », certifie Hélène de Chamberet. Le rapport de l’évaluation est même bloqué jusqu’à 30 jours après la fin de la session. « C’est pour être sûr que l’étudiant ne puisse pas craindre d’être pénalisé dans sa note », poursuit celle-ci.
L’anonymat est aussi très important pour la CADEUL. Mathieu Montégiani croit qu’il est essentiel de permettre à la population estudiantine de s’exprimer sur ces propos. « Il ne faut pas que les étudiants et étudiantes soient inquiets ou inquiètes quand ils font leurs critiques par rapport à l’enseignement », rapporte-t-il.
Selon ce qu’explique la conseillère, si l’appréciation est faite sur papier, il y a aussi une autre personne qui risque de voir les résultats; la déléguée qui passe les feuilles dans le lecteur optique et qui numérise les commentaires écrits. Toutefois, si l’appréciation est faite en ligne, c’est plus facile et le rapport se génère très rapidement.
Révision en cours
Depuis le mois de novembre, il y a un groupe de travail mandaté par le comité de valorisation de l’enseignement qui se penche sur la question de l’appréciation des cours par les étudiants. « On est vraiment au stade de l’analyse des statistiques et de ce qui se fait dans les facultés », relate Mme de Chamberet, qui fait partie de ceux qui pilotent ce dossier.
Tel qu’elle le mentionne, le groupe cherchera entre autres à savoir tout ce qui pourrait être mis en place pour les démarches d’amélioration de la part des enseignants. Normalement, ce rapport devrait sortir au printemps prochain.