L’échec. Depuis samedi dernier, les 90 étudiants-athlètes de l’équipe de football du Rouge et Or y sont confrontés. Le point sur cette amère réalité avec le psychologue sportif Daniel Auger-Descarreaux.
Boris Bede s’élance, botte et… rate sa tentative de placement de 47 verges. Le Stade Telus, normalement très bruyant, se fait soudain silencieux. Pour une première fois en onze années, le Rouge et Or est éliminé en finale de la Coupe Dunsmore. Leurs adversaires, les Carabins de l’Université de Montréal (UdeM), exultent. Partisans, entraîneurs, athlètes : la déception se lit dans le visage de tous les Lavallois.
La défaite est cinglante, d’autant plus que le scénario qui s’est avéré n’était pas celui annoncé. C’est le Rouge et Or qui devait gagner, pas les Carabins. « Une équipe ne peut s’empêcher d’apprécier ses chances de victoire et de défaite, et ce malgré que tous les scénarios soient possibles, explique Daniel Auger-Descarreaux, psychologue sportif. Les réactions les plus chargées émotionnellement surviennent lorsqu’une équipe perçoit à la fois la victoire comme probable et la défaite comme improbable. »
Faire une croix
Dans les prochains mois, les Richard, Lussier et compagnie ressasseront les douloureux souvenirs de ce samedi 15 novembre. Rapidement, ils devront faire une croix sur leur saison 2014 afin de se préparer à la prochaine campagne. Un processus qui, bien qu’il s’y apparente, ne peut tout à fait être qualifié de deuil. « Dans un “vrai” deuil, on perd quelque chose qu’on avait, qui était nôtre. Dans le sport, au contraire, on ne perd rien, hormis peut-être un idéal », nuance Daniel Auger Descarreaux.
Toutefois, cela ne change rien aux émotions vécues par les athlètes lors de ce cheminement. Tristesse, vague à l’âme, culpabilité : le cocktail de sentiments vécus par ces derniers peut parfois être très intense. « Il suffit d’observer des enfants confrontés à la défaite pour mieux en saisir tout l’aspect catastrophique. Contrairement aux athlètes qui, à force d’entraînement et de compétition, développent une certaine résilience, ils ne possèdent pas d’outils pour “bienʺ y réagir », soutient le psychologue sportif.
Savoir rebondir
Malgré tout, il existe tout de même une « inévitable variabilité » entre les athlètes au chapitre de la défaite. « Il y en a qui sont davantage centrés sur les performances et vivent la défaite comme une catastrophe. D’autres au contraire accordent plus d’importance au processus et voient dans l’adversité un terreau fertile pour construire de futurs succès », indique Daniel Auger Descarreaux.
Et, sans surprise, le profil des athlètes, tant dans les sports collectifs qu’individuels, dépend en grande partie de l’encadrement offert par le personnel d’entraîneurs. Des coachs qui, comme ceux du Rouge et Or, savent faire ressortir le positif de chaque situation et démontrent un esprit sportif irréprochable. Ils sont ainsi plus à même de créer des athlètes et, ultimement, une équipe qui vit la défaite constructivement. « En plus d’être un gage de qualité, c’est une compétence très recherchée chez les entraîneurs », souligne-t-il.
Qui plus est, une telle philosophie « favorise la persévérance tant dans le sport que dans la vie ». Une belle qualité à léguer à de jeunes étudiants-athlètes.